dimanche 2 septembre 2012

La Libye et les défis de sa transition.

Un pays si près, une ambition si lointaine, à la mesure d'un gigantisme territorial, le pays s'étend sur près d'un million huit cent mille kilomètres carrés, pour une population d'un peu moins de six millions d'habitants, aux confins du Sahara et des contradictions de la région sahélo-saharienne, fier de son identité, elle a été le troisième pays arabe à succomber à l'onde de choc du printemps arabe, décrié par son ex-leader et maître à penser Kadhafi.
S'attirant les foudres de l'occident, alimentant une animosité avec les monarchies du Golfe, dont notamment l'Arabie Séoudite, s'impliquant avec tous les mouvements de libération et les causes des minorités, des peaux rouges ou laissés pour compte de la société américaine, afro-américains, hispaniques, basques, l'ira, les brigades rouges....il ne lui manquait à son palmarès que de s'allier avec Al Qaïda.
Trouble-fête dans la région, il a fini par exacerber ses concitoyens qui ont longtemps payé, à leurs dépens, ses caprices, plus de dix ans d'embargo aérien, des unions ruptures avec notre pays, le Maroc, la Syrie, le Soudan...autant d'ambitions que de désillusions.
Guide des croyants au Sud-Sahara, il se fait le théoricien de la troisième voie, dont il s'impliquera à en diffuser les idées, au détriment du développement de son pays et l'émancipation de ses concitoyens.
A la générosité de l'idée des Comités Populaires, une démocratie de pouvoir de cantons et de système de votation à la Suisse, il superpose une dictature de Comités Révolutionnaires, qui en vident la substance, dont il assume la direction suprême en tant que guide de la Révolution au détriment de toute institution d'Etat et de Gouvernement.
Si la Tunisie et l'Egypte ont pu assurer leur transition, aux moindres frais, grâce notamment à une armée attachée à la légalité républicaine, et s'alignant en vue de sauvegarder la volonté populaire, le changement en Libye s'est caractérisé par un soulèvement armé, impliquant l'assentiment de la Ligue des Etats Arabes, l'Organisation des Nations Unies et une large coalition, réunissant les Etats Unis, la Grande Bretagne, la France et la logistique de l'OTAN, outre l'implication d'alliés proches des Etats Unis, Qatar et l'Arabie Saoudite outre la Tunisie, qui s'est trouvée en début de conflit jouant un double jeu, en vue de sauvegarder la situation d'une forte colonie, résidente dans ce pays et de sociétés qui y ont établi leurs projets.
Pays pétrolier dont les ressources dépassent amplement ses besoins intrinsèques, elle sera nécessairement tout autant au centre de convoitises dans son espace géopolitique, que de contradiction d'identité, de tiraillement entre des projets sociaux, ouverte sur le monde par nécessité, et sur elle-même recroquevillée par fractures de ses appartenances d'histoire.
Trois espaces contiguës et différents:
La Tripolitaine ouverte sur la méditerranée et ses enjeux géostratégiques, le Fezzan et son ancrage dans l'espace saharien, aux défis de projets d'une ethnie à la recherche d'un espace d'affirmation d'identité, les Touareg, des peuplades de pays limitrophes de population noire, à l'ambition de partager ses richesses et son territoire immense, aux projets d'une nébuleuse tentaculaire hégémonique sur toute la région menaçant à la fois leur stabilité que celle des valeurs de coexistence pacifique, en instrumentalisant une pratique de course, la prise d'otages.
Espace de multiples commerces aux confins du Sahara, licites et moins licites, touchant une région regorgeant de ressources énergétiques névralgiques pour les pays de la région tout aussi bien qu'à celui de toutes les puissances présentes et émergentes.
La Cirénaïque  plus ancrée dans son environnement moyen-oriental, trait d'union entre l'Afrique profonde et une concurrence-alliance entre une Egypte aux ambitions de continuité et de légitimité d'intérêt dans cet espace et une Afrique profonde dans son appartenance et ses contradictions d'attirances et de recherche d'identité et d'affirmation régionale et internationale, entre l'Ogaden, le Soudan et le Tchad.
Les relations tuniso-libyennes, espace de continuité et une contradiction de projets et d'intérêts exacerbés par les concurrences régionales et internationales, une interaction sensible sur la stabilité et le développement des deux parties, entre une ambition de complémentarité et une réalité de suspicion réciproque, malgré des affinités qu'un cheminement historique récent en a démontré l'interactivité.
Premier marché pour nos exportations de biens, de services et d'entreprenariat, il a longtemps constitué un point de transit de diverses activités de contrebande et une plaque tournante d'un trafic triangulaire impliquant tout autant la Tunisie, l'Algérie, la Libye que les pays limitrophes sud Sahariens.
La Tunisie a de tout temps perçu sa stabilité liée à une relation pérenne avec les pays limitrophes, des pays voisins de continuité territoriale qu'avec ces mêmes pays.
L'Egypte, le Maroc, la Mauritanie, le Sénégal, le Niger, la Côte d'Ivoire, et le Tchad récemment, forment un environnement d'alliances de pression sur notre environnement immédiat modérant les pressions éventuelles de pays de continuité territoriale.
L'exubérance de richesse et les projets en concurrence idéologiques extrémistes et de grandeur ne nous ont jamais attirés, la Tunisie ayant agit en vue de tirer le meilleur parti d'opportunités qui se présentaient dans son environnement.
L'axe de contradiction aux opportunités de coopération, appelé les pays du refus, auquel se sont joints l'Iran, le Soudan, le Yémen,  la Syrie, l'Algérie, la Jordanie à contre nature et les mouvances qu'elles abritaient baâthistes, chiîtes, et anti-colonialistes.
De l'opposition viscérale à l'occident et ses intérêts, la Libye doit sa "libération" à ses "ennemis historiques", l'OTAN, les Etats Unis, la France et la Grande Bretagne dont l'intervention déterminée marque autant leurs intérêts dans ses richesses qu'une prise de revanche sur les plaies que le régime de Kadhafi leur a causé, en vue de neutraliser ses capacités de nuisance, de mettre à nu son territoire en désarmant sa défense, et en anéantissant ses capacités militaires, d'installations de radars, de bases de lancement de missiles, de chars, d'aviation, et des dépôts d'armement, craints chimiques et anti-aériens.
En recherchant à assurer sa survie, la Libye poursuivra une politique extérieure favorisant la concurrence d'intérêts, que ce soit au niveau international que régional, son indépendance ne pourrait être garantie qu'à ce prix.
Elle continuera à revendiquer son identité Arabo-africaine et sera amenée à poursuivre une politique de voisinage de balance entre l'ouverture et la suspicion, complexe de richesse énergétique oblige.
Fer de lance de l'Union Africaine, elle ne peut tourner le dos à ses ambitions d'union indépendance avec son voisinage.
La réalisation  par la force de son changement et l'exacerbation des contradictions internes et la fragilité de son voisinage pourra porter les stratèges d'une stabilisation intérieure à porter l'intérêt des groupes armés contradictoires à porter leurs projets et leurs ambitions à ce milieu fragile.
Les forces en présence comprennent les Touareg et leurs ambitions, les extrémistes religieux et leurs projets, la nébuleuse régionale et ses visées, les richesses de la région Sahélo-saharienne ainsi que les enjeux qui s'y développent ne sont pas là pour favoriser une stabilité dont les ambitions contradictoires des pays de la région ne feront qu'exacerber.
La question du Sahara Occidental est là pour en démontrer  la véracité ainsi que l'implication de l'intelligence algérienne dans l'évolution de la situation et de ses menaces dans la région.
L'engagement des Etats Unis, de la France, de l'OTAN, que de la Chine et la Fédération de Russie sont tout aussi bien une réalité démontrant l'intérêt croissant, dans cette région, que nulle partie ne pourra démentir.
Une implication planifiée de notre pays de suivre l'évolution de la situation dans cette région est à mettre en oeuvre que ce soit sur le plan de l'intelligence que de la coopération sécuritaire avec nos partenaires que par le moyen d'infiltration des mouvements en présence d'autant que des éléments nationaux y sont enrôlés.
La projection ambitieuse d'une unité de l'espace et de la nécessité de conjuguer les efforts pour en limiter les dangers réels qui le menacent portera ses acteurs à la coordination de leurs actions pour en tirer le meilleur parti aux moindres coûts, sans s'attirer l'animosité et la suspicion des forces agissantes en compétition dans cette région.