dimanche 17 novembre 2013

La pensée politique arabe de Mohamed Abed Jabri (suite 5)

La pensée politique arabe
de Mohamed Abed Jabri (suite 5)
Une lecture critique Nadhir Jahel. traduction de la langue arabe.
Revue Exégèse (IJTIHAD) N° 15/16 printemps-été 1992.

L’esprit de corps symbolique :
La prédication de la révélation a revêtu, dès son début, avant l’Hégire (l’émigration), une forme spécifique différente de la ligne des révélations qui l’ont précédé, continuellement, dans les sociétés primitives, qui se trouve une forme miraculeuse d’éloquence révélée. Pour quelle raison la révélation s’est-elle rattachée, au renoncement au polythéisme, dans la presqu’île arabique, à cette miraculeuse éloquence de la langue ?
Il nous semble que deux questions liées, relatives à la langue de la révélation, n’ont pas été l’objet de recherche, dans le domaine de l’Islam, pour découvrir leur essence  La première est que le miracle, en tant qu’éloquence, qui renforce la relation entre la signification et le signifiant, qui émane directement de la décomposition du significateur dans le langage de la magie(idolâtrie, magie), qui ébranle le champ de représentation de perception…
Est-ce qu’il fallait, pour la dernière révélation,  s’attaquer aux racines de la déviation du monothéisme, par une déviation dans le domaine de la communication et du contact dans l’existence-de l’homme- dans l’univers ?
Est-ce, compte tenu que le polythéisme, comme il est apparu, en lieu et époque, lors de la révélation, était la conséquence d’une pareille déviation ?
Ou, que le message est apparu, là où a été constaté le polythéisme, de cette façon, pour clore la communication existentielle divine avec la langue, dans une langue de l’homme, qui se révèle dans une forme que l’homme ne peut maitriser ?
Une méditation qui ouvre l’Islamisme, sur les sciences de la communication et la langue, qui nous porte à réexaminer le sens du miracle, qui demeure malheureusement réduit, cantonné, dans le dilemme posé par Tahaa Hussein et la réponse qu’il appelle ?
En réalité, l’interaction  de l’Islam avec la formation sociale, à travers l’affrontement des Idoles, par la langue miraculeuse, était une façon de résoudre le fond du déséquilibre, partant d’un modèle révélé unique, et ce en vue de relancer les orientations du monothéisme latent, dans les autres niveaux de cette formation primitive de rapprochement familial, la distribution des richesses… ou pour affaiblir les directions de concentration de puissance qui y dominent. Affronter les idoles par le miracle de l’éloquence linguistique : car les idoles en tant que dénomination vide, c’est elles qui rendaient la formation « primitive » clanique possible, et continue, car elles lui assurent le champ conceptuel-linguistique, qui permet sa reproduction. Est-il vrai, que les dignitaires de Koreich ne se seraient pas aperçu de la gravité de cet affrontement « linguistique »
Est-il  vrai, qu’ils n’auraient défendu leurs idoles, que pour des considérations économiques (comme s’ils étaient les adeptes de la méthodologie fonctionnelle économiste ?) :
Suivons, de nouveau, l’évaluation de Jabri du rapport de Koreich avec leur langue et leurs idoles,  leur réaction à la révélation, et à la nature de cette révélation dans sa première phase :
« En réalité, les idoles n’étaient pas pour Koreich ce « sacré » auquel les gens s’attachent, et se sacrifieraient pour les défendre, compte tenu de leur sacralité, et n’étaient point des idoles nationales dont les gens se révolteraient pour défendre, et se sacrifieraient, lorsqu’elles affrontent « l’autre », qui possèderait ses propres idoles nationales.
Non, les idoles de Koreich et leurs divinités étaient, avant tout, une source d’enrichissement et le fondement de l’économie ;  Mecque était un centre des divinités tribales arabes et leurs idoles, à laquelle on faisait le pèlerinage et les offrandes et autour de laquelle se tenaient les marchés… »
Oui, ce ne sont pas les idoles pour elles-mêmes, ce sacré dont les gens s’y attachent, cependant, elles sont son motif, et une manifestation qui ne se détache guère de la formation de la société Korachite, et il est vraiment étonnant de séparer, l’apparition des centres commerciaux, de l’apparition des centres de prière. Mais, il est plus étonnant encore de considérer que le combat des idoles ne signifierait que de s’en prendre à la coutume du pèlerinage(n’est-ce pas cela de prendre les sages de Koreich en dupes !) et, ne serait pas l’ensemble de l’ordre prévalant, dont ne s’en détachent ces traditions…
Qu’est-ce qui fait que Jabri, encore une fois, conclut que les dignitaires de Koreich étaient des adeptes de ce « trade-unionisme » ou qu’ils utilisaient, comme cela, une méthodologie qui se proclame du marxisme, et dont il est réellement une copie systématique banale.  Qu’est-ce qui l’habiliterait à parler en leur nom pour dire : « ces réserves n’empêchent absolument pas de relire la révélation de Mahomet, une lecture politique en quelque sorte. Et, ce compte tenu que les protagonistes de cette révélation, qui appartiennent à Koreich, l’ont interprété dès le début d’une approche politique, et l’ont affronté politiquement. Ils ont perçu, dans cette révélation, une attentation aux fondements de leur entité économique, et par conséquent, à leur pouvoir politique et de leur existence même.
Ainsi, l’assaut sur les idoles, et l’appel à embrasser la révélation d’un dieu unique, même si elle émane seulement du point de vue « croyance », comme a été le cas de la proclamation de la révélation de Mahomet, signifiait une invitation à détruire ce qui attachait les tribus à la Mecque pour le pèlerinage, son pouvoir économique et politique, d’une part, et, d’autre part, il n’était pas possible que la révélation de Mahomet resta « inactive » devant l’instrumentalisation de la politique, pour l’attaquer par Koreich. Mais, il était nécessaire, et c’est la loi de la vie, qu’elle combatte avec son arme propre, ou au moins de faire usage de l’arme politique, dans la panoplie de ses armes… »
L’on s’étonne qu’un chercheur, comme Jabri, explique la révélation à travers l’interprétation de Koreich, et l’on s’étonne encore plus, de sa compréhension de cette lecture.  Comment Jabri ne percevrait-il pas que deux ordres de valeurs s’affrontent dès les premières secondes ! et pourquoi, affirme-t-il que l’Islam a combattu Koreich avec ses propres armes, comme si c’était une réaction !
Qu’est-ce qui nous fait comprendre la véracité d’une telle vision ?
Après avoir présenté les bases générales des deux ordres, l’on se contentera ici de présenter une autre idée de Jabri, qui démontre l’intérêt de dignitaires de Koreich, à la langue du Coran, et leur tentative de la tenir, dès le début, en tant que langue « sacrée », dans le cadre de la défense de ce « sacré » dont Jabri n’a pas perçu que les idoles n’étaient qu’une matérialisation de sa langue; et dont l’arrêt, conduit à l’effondrement des canaux de perception-imaginative-linguistique, et par là, à l’effondrement du composant de la communauté même, et non seulement ce qu’elle possède,(alors que Jabri conçoit que ce que possède l’homme est plus important que son existence, et ceci c’est son affaire, ou de la sagesse de son marxisme économiste, que l’on ne regrette pas !  ) :
« et , sans aucun doute, le style du coran, c'est-à-dire sa composition et son éloquence ont été parmi ce qui a ébloui Koreich, car ils l’ont trouvé, plus recherchée que la rime des prêtres, la poésie des poètes, et leur idolâtrie qui occasionna, leurs différends sur la qualification qui s’y applique. Les livres sur l’exégèse, rapportent que les grands dignitaires de Koreich se sont réunis chez Oualid Ibn Moghaira, qui était leur plus grand seigneur, et ont débattu de la qualification, qui convenait sur le coran, et ont abouti à son affirmation : « le plus plausible, c’est que vous le qualifiez : de magicien qui a emmené des paroles magiques, avec lesquelles ils sépare la personne de son père, son frère, son épouse et les siens ».
Jabri n’a  saisi ce qu’affirme Mogheira, que dans la forme, c’est que Koreich a été ébloui en écoutant le coran, mais comment les dignitaires ont-ils affronté cet éblouissement ? Ils ont essayé au début « d’adopter » selon les termes de Jabri, son texte, c'est-à-dire de l’introduire dans l’ordre symbolique dominant et lorsqu’ils ont échoué Mogheira a divulgué le secret de cet émerveillement du coran à savoir, que c’est une langue qui sépare entre l’individu de son père… C'est-à-dire qu’elle menace l’ordre parental dominant et attente aux noms/divinités de « l’esprit de corps symbolique » et secoue également les fondements de l’esprit de corps de parenté, mais pourquoi Oualid l’a-t-il considéré de magie et l’a rejeté alors que son ordre symbolique ne réfute pas la magie ?
C’est une position dualiste, qui retient le discours dans ce qui est habituel et le rejette en tant que magie contre sa communauté :{Il a réfléchi et évalué effectivement (considéré réellement la situation) et a été tué, comment a-t-il évalué} alors que notre ami n’a ni considéré ni évalué !.
Alors que la seconde présente le modèle coranique révélé comme modèle qui n’hésite pas sur l’époque c'est-à-dire comme modèle qui ne peut être absorbé par l’histoire, et cet aspect est très important car il permet de découvrir la prospection monothéiste authentique du pouvoir et la révolution qu’introduit cette prospection, dans le champ tribal, dans le sens prépondérant « la décadence » sur la parenté d’esprit de corps. Si le modèle qui comprend la loi traditionnelle (chariaa) parait comme un modèle linguistique, qui n’est pas atteint par l’écoulement du temps, et les changements, et qui ne se concentre dans aucune partie qui se fonde dans son extérieur ; il infirme, de prime abord, tout pouvoir ou dominance sur le groupe qui se fonde sur cette loi.
Il s’en suit que l’idée qui considère la révélation en tant que moyen qui renforce le pouvoir de la tribu, à travers l’émigration et l’occupation, c'est-à-dire celle qui explique l’apparition de l’Etat islamique historiquement, en tant que conséquence nécessaire de la révélation, parait en tant qu’une vision artificielle imaginaire. Il est nécessaire donc, partant de cette nouvelle conception du pouvoir de bien concevoir, précisément, ce que la révélation a engendré de changement, dans le cycle de parenté, et le cycle de distribution des richesses, ainsi  cette négation de toute authenticité originelle positive du pouvoir, a ouvert une haute dynamique de grande amplitude, qui a atteint les cycles internes de distribution dans le groupe, comme elle a atteint la relation avec l’extérieur ou des relations extérieur/intérieur et aux fondements de formation de cet intérieur, en partant des changements profonds qui ont touché la logique de la parenté clanique.
L’esprit de corps parental :