mardi 8 novembre 2016

Mohamed Masmoudi l'artisan d'un équilibre Est Ouest d'orientation de la diplomatie tunisienne.

l'après midi du 13 ou 14 janvier 1974, je me retrouvais au salon d'honneur de l'aéroport Tunis-Carthage avec quelques uns de ses collaborateurs et amis, pour souhaiter bon retour à Mohamed Masmoudi qui revenait de Jerba après la signature de la déclaration d'union(mort-née) tuniso-libyenne qui consacra la naissance prématurée de la République arabe islamique, annoncée médiatiquement le jour même de sa signature par Bourguiba et Kadhafi, et qui restera lettre morte et que nos voisins se plaisaient à s'en référer à chaque rencontre bilatérale, en clause de style, rappelant l'unité du destin, jamais consacrée dans les faits.

A mes côtés se tenait Mahmoud Meftah, qui exprima la satisfaction de la majorité des étudiants pour cette réalisation et leur souhait d'avoir pu se retrouver à l'aéroport pour l'accueillir et manisfester leur satisfaction, si ce n'est un problème de mobilisation de moyens de transport à cet effet. Dans une presque pénombre le salon d'honneur et l'accueil froid réservé à l'artisan des Accords de Jerba ne laissaient aucun doute quant à l'issue de cette union avortée.

Je me retrouvais également le jour de son départ définitif de son bureau au Ministère des Affaires Etrangères, le même mois, Le cabinet présidentiel pressait ses collaborateurs, pour voir le ministre quitter le département sans tarder et permettre à son successeur Habib Chatti de prendre les rênes et remettre les pendules de notre diplomatie à l'heure du revirement.

Face à la constance diplomatique classique de Bourguiba, Masmoudi fut l'artisan du rapprochement avec le monde arabe, notamment le sultanat d'Oman et le sultan Qabous, et de l'équilibre d'engagement Est-Ouest, en reconnaissant les entités nord et sud du Vietnam au grand dam des Etats Unis, ainsi que par la suite de la Corée Nord et Sud, il fut le témoin d'une politique étrangère qui chavirait que ce soit au maghreb ou vis à vis du monde arabe, qu'il présenta dans l'ouvrage qu'il consacra "aux arabes dans la tempête", citant notamment la contre proposition de Bourguiba, à Boumédiene qui lui proposait l'union, la conditionnant d'une redéfinition des frontières équilibrant la superficie entre les deux Etats, avant leur fusion, occasionnant un éclat de rire de Boumediene, pour la ruse manifeste de Bourguiba.
Menacé de perdre la nationalité tunisienne, dont une loi, sur mesure, fut votée par  l'Assemblée Nationale, , le visant, s'il acceptait de représenter la Libye aux Nations Unies que Kadhafi voulait lui confier, il se ravisa et poursuivra sa vie durant une culture du rapprochement tout autant avec le monde occidental et la France, notamment qu'avec ses amis des monarchies du Golfe. Paix à son âme.