mercredi 14 novembre 2012

L’Algérie et les défis du printemps arabe.



L’Algérie a commémoré le 5 juillet 2012 le cinquantième anniversaire de son indépendance. Pays pivot à la pointe du continent africain, pays de diversité, de richesse culturelle et ethnique, énergétique(pétrole, gaz naturel) qui a longtemps ambitionné d’être le fer de lance des forces progressistes en Afrique et dans le monde,  ce pays a expérimenté le collectivisme, le développement  de l’industrie lourde au détriment de l'industrie légère au début de l'indépendance, son excédent budgétaire et ses recettes en devises près de 212 milliards de dollars(avril 2012), lui ont permis au courant de cette année de venir au secours pour mettre des liquidités à la disposition du FMI.
S’engageant dans la lutte d’émancipation politique et de décolonisation dans le monde,  s’acharnant à résoudre la question du Sahara Occidental, placée par l'Algérie sous l'optique de la libre disposition des peuples de leur destinée, au prix de divergences et de tensions avec son principal voisin géographique le Maroc, entravant l’édification maghrébine qui lui est, ainsi que pour toute la région, aussi vitale que son indépendance nationale.
D’aucuns en soupçonnent l’intéressement, à l'accès direct sur l'Atlantique si ce n'est par un territoire, sous son influence, tenant compte de la situation actuelle de fermeture de ses frontières avec le Maroc,au temps de l’érosion des valeurs devant les ambitions de grandeur, l’image, la dominance, et la prépondérance ; l’indépendance a été au centre de ses choix de politique internationale, œuvrant en vue de rétablir dans son espace géographique les valeurs de la coopération, aux échanges commerciaux mercantiles, de l’entente et du dialogue, plutôt qu'à la confrontation et l’intervention étrangère, que ce soit en Libye ou au Mali, l'Algérie a prôné la solution régionale et l’engagement dans la recherche de voies négociées propres pour résoudre ces différends.
Se basant sur ses propres moyens pour venir à bout des défis qu'affronte notre continent. La solution de la question du terrorisme à l’intérieur du pays lui a fourni, une expérience unique, une lourde facture a été payée par la nation algérienne, lui coûtant plus de 150 000 victimes que certains portent à 200 000 victimes, une lutte pour le pouvoir menée par des maquisards islamistes, qui ont fini par s’entre-tuer  seul le dialogue, l’occultation des souffrances endurées et les mises à l’épreuve, n’ont pu être dépassées que par la générosité, et la grandeur d’âme, au  nom de la préservation de l’unité nationale. C'est le Président Abdelaziz Bouteflika, annonçant une amnistie aux maquisards à la faveur d'une loi sur la concorde civile, et la détermination de l'armée qui ont permis de venir à bout de cette plaie.
Une seule poche menace actuellement l'Algérie et toute la région maghrébine, le phénomène terroriste qui s'appuie sur des groupes salafistes armés dont notamment  le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) dissident du GIA, constitué en 1998, il fait allégeance à la nébuleuse Al Qaida en 2006, qui a pris, à la faveur de l'instabilité qui caractérise la région un point de chute pour le développement de ses actions déstabilisatrices, et de financement de son action par  différents trafics de drogue et de prise d'otages, à l'image de son activité en Afghanistan en s'engageant à étendre son entreprise destructrice, bénéficiant de la marge de manœuvre que le printemps arabe lui fait miroiter.
Les divergences de conception de société, de querelles sur les  questions de l’identité, ne devait jamais la faire douter de son engagement national, partant de la  solidarité dans l’effort, le partage des souffrances, la participation, sur la base du respect de la citoyenneté et les jeux de prise de décision démocratique, du rétablissement des institutions, dans leur rôle et en capitalisant l’expérience vécue, tenant compte, dans ses projections, autant des succès que des affronts essuyés, tout au long de son histoire récente que d’indépendance.
Ancien principal allié de Moscou dans la région, du temps de la guerre froide, s’appropriant la cause du panarabisme, mais désenchantant à la première heure, suivant le renversement de Ben Bella en juin 1965 en s’engageant sur la voie progressiste socialiste.
L’armée formée essentiellement, à son début, par les forces de l’armée de libération Nationale a assumé la charge de la construction de l’Etat et du développement du pays.
Longtemps marquée par la prédominance du parti unique, artisan de sa libération, le pays a du revoir ses orientations à l’effondrement de l’URSS et du pacte de Varsovie, elle s’engagea alors dans la voie de l’ouverture et du multipartisme, décidée par le Président Chadli Ben Jedid, pas moins d’une centaine de partis furent lancés.
Ses premières élections législatives libres, ont consacré à leur premier tour, une menace d'un raz de marée du mouvement islamiste le FIS de Abassi Madani et Ali Benhadj. Ce résultat n’a pas été approuvé par les généraux, dominant la vie politique du pays, qui annulèrent la tenue du deuxième tour des  élections, plongeant le pays dans une décennie sanglante de lutte contre les différents groupes extrémistes armés, occasionnant des pertes humaines considérables.
L’armée et les dirigeants de l’ancienne garde du pays, à leur tête le FLN assument  désormais, l’essentiel du pouvoir, le pays s’engage néanmoins dans la voie de la démocratisation, la presse y est libre et plusieurs partis politiques forment le gouvernement et sont représentés aux instances législatives. Plusieurs élections présidentielles ont été tenues. L’Assemblée Populaire Nationale est formée de 380 membres, et le Conseil de la  Nation de 144 membres, 32% des sièges de l’Assemblée Populaire Nationale sont occupés par des femmes(146 membres).
Liste des Partis représentés à l’Assemblée Populaire Nationale( source APN) :
Front De Libération Nationale
Rassemblement National Démocratique
Alliance Algérie Verte
Front Des Forces Socialistes
Parti Des Travailleurs
Indépendants
Front National Algérien
Front Pour La Justice Et Le Développement (Addala)
Mouvement Populaire Algérien
Parti El Fedjr El Jadid
Front Du Changement
Parti Nat. Pour La Solidarité Et Le Développement
Front National Pour La Justice Sociale
Ahd 54
Union Des Forces Démocratiques Et Sociales
Alliance Nationale Républicaine
Front El Moustakbal
Parti El Karama
Mouvement National D'espérance
Rassemblement Algerien
Rassemblement Patriotique Républicain
Parti Des Jeunes
Parti Ennour El Djazairi
Mouvement El Infitah
Parti Du Renouveau Algérien
Front National Des Indépendants Pour La Concorde
Front National Démocratique
Mouvement Des Citoyens Libres
Aperçu historique sur la vie législative algérienne (source : APN)
La première élection législative en Algérie eut lieu le 20 Septembre 1962, soit quelques mois à peine après l’indépendance nationale. L’Assemblée, élue pour un mandat d’une année, avait notamment pour but de promulguer la loi fondamentale du pays, ce qui donna naissance à la Constitution du 10 Septembre 1963, qui consacrera notamment le principe monocaméral pour le Parlement Algérien. Le mandat de cette Assemblée Nationale, se verra  prolongé d’une année conformément à l’article 77. Le recours par le Président de la République, le 03 Octobre 1963, à l’exercice des pleins pouvoirs, conformément à l’article 59 de la Constitution, eut pour effet de geler les activités de cette Assemblée Nationale. De 1965 à 1976, il sera institué au sommet de l’Etat Algérien un Conseil de la Révolution, dépositaire de l’autorité souveraine (Ordonnance du 10 Juillet 1965).Le 22 Novembre 1976, dans le cadre du parachèvement  des institutions de l’Etat Algérien, une nouvelle Constitution fut promulguée, qui instituera (Art. 126)  une chambre unique dénommée Assemblée Populaire Nationale (APN), chargée d’exercer le pouvoir législatif, élue le 25 Février 1977 pour un mandat de cinq (05) ans, et régulièrement renouvelée en 1982 et 1987.
    La révision constitutionnelle du 23 Février 1989 ne dérogera pas au principe monocaméral, en maintenant l’Assemblée Populaire Nationale, même si par ailleurs elle consacrera une séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire (Art. 92).  Le renouvellement de cette Assemblée, arrivée à son terme, était interrompu par la démission du Président de la république, qui créait une situation de vide juridique. Ceci entraînera la mise en place de structures transitoires (Haut Comité d’Etat et Conseil Consultatif National puis Conseil National de Transition), jusqu’à la révision constitutionnelle du 28 Novembre 1996, qui modifiera le paysage institutionnel algérien en instaurant un parlement bicaméral, composé d’une APN (380 membres), et d’un Conseil de la Nation (144 membres) constituant ainsi, le premier Parlement pluraliste de l’Algérie indépendante.
(Première partie à suivre.)

L'ambition de la construction maghrébine: le rêve de l'unité face à la diversité.

Une position géographique stratégique en méditerranée, dont les deux rives sont marquées par des différences abyssales sur tous les fronts. Si le Nord s'est enrichi des apports du Sud à la science, la médecine, la sociologie,  la civilisation universelle, ce dernier s'enlise dans une perpétuelle crise d'identité, de pouvoir, de légitimité, sociale, économique, éducationnelle, culturelle.
Le miroir brisé de cet espace, par le printemps arabe, nous a reflété une atomicité identitaire de division plutôt que d'agrégation, ainsi au régionalisme a suppléé le tribalisme avec ses différentes racines et ramifications, portant plus à l'identité de consanguinité que de division géographique et d'origine du groupe social.
Si la colonisation avait constitué un nouveau ciment identitaire, rattachant notre région aux intérêts de la métropole, sa langue, sa civilisation, sa culture, son espace géostratégique, son espace économique et d'émancipation, il a perpétué au delà des indépendances nationales, une nouvelle marque indélébile d'identité d'histoire, d'appartenance, de valeur.
La construction de l'espace national post-indépendance, et les défis qu'il leva devant les mouvements d'émancipation nationale des pays décolonisés, avec sa diversité d'exigences et de nature d'expériences a approfondi les clivages, les projections de construction nationale et d'affirmation de différences.