La pensée politique arabe
de Mohamed Abed Jabri (suite 5)
Une lecture critique Nadhir Jahel.
traduction de la langue arabe.
Revue Exégèse (IJTIHAD) N° 15/16
printemps-été 1992.
L’esprit de corps symbolique :
La prédication de la révélation a
revêtu, dès son début, avant l’Hégire (l’émigration), une forme spécifique
différente de la ligne des révélations qui l’ont précédé, continuellement, dans
les sociétés primitives, qui se trouve une forme miraculeuse d’éloquence
révélée. Pour quelle raison la révélation s’est-elle rattachée, au renoncement
au polythéisme, dans la presqu’île arabique, à cette miraculeuse éloquence de
la langue ?
Il nous semble que deux questions
liées, relatives à la langue de la révélation, n’ont pas été l’objet de
recherche, dans le domaine de l’Islam, pour découvrir leur essence La première
est que le miracle, en tant qu’éloquence, qui renforce la relation entre la
signification et le signifiant, qui émane directement de la décomposition du
significateur dans le langage de la magie(idolâtrie, magie), qui ébranle le
champ de représentation de perception…
Est-ce qu’il fallait, pour la
dernière révélation, s’attaquer aux
racines de la déviation du monothéisme, par une déviation dans le domaine de la
communication et du contact dans l’existence-de l’homme- dans l’univers ?
Est-ce, compte tenu que le
polythéisme, comme il est apparu, en lieu et époque, lors de la révélation,
était la conséquence d’une pareille déviation ?
Ou, que le message est apparu, là où a
été constaté le polythéisme, de cette façon, pour clore la communication
existentielle divine avec la langue, dans une langue de l’homme, qui se révèle
dans une forme que l’homme ne peut maitriser ?
Une méditation qui ouvre l’Islamisme,
sur les sciences de la communication et la langue, qui nous porte à réexaminer
le sens du miracle, qui demeure malheureusement réduit, cantonné, dans le dilemme
posé par Tahaa Hussein et la réponse qu’il appelle ?
En réalité, l’interaction de l’Islam avec la formation sociale, à
travers l’affrontement des Idoles, par la langue miraculeuse, était une façon
de résoudre le fond du déséquilibre, partant d’un modèle révélé unique, et ce
en vue de relancer les orientations du monothéisme latent, dans les autres niveaux
de cette formation primitive de rapprochement familial, la distribution des
richesses… ou pour affaiblir les directions de concentration de puissance qui y
dominent. Affronter les idoles par le miracle de l’éloquence linguistique :
car les idoles en tant que dénomination vide, c’est elles qui rendaient la
formation « primitive » clanique possible, et continue, car elles lui
assurent le champ conceptuel-linguistique, qui permet sa reproduction. Est-il vrai, que les dignitaires de Koreich ne se seraient pas aperçu de la gravité de cet
affrontement « linguistique »
Est-il vrai, qu’ils n’auraient défendu leurs idoles, que pour des considérations économiques (comme s’ils étaient les adeptes de la
méthodologie fonctionnelle économiste ?) :
Suivons, de nouveau, l’évaluation de
Jabri du rapport de Koreich avec leur langue et leurs idoles, leur réaction à la révélation, et à la nature
de cette révélation dans sa première phase :
« En réalité, les idoles n’étaient
pas pour Koreich ce « sacré » auquel les gens s’attachent, et se
sacrifieraient pour les défendre, compte tenu de leur sacralité, et n’étaient
point des idoles nationales dont les gens se révolteraient pour défendre, et se
sacrifieraient, lorsqu’elles affrontent « l’autre », qui possèderait ses
propres idoles nationales.
Non, les idoles de Koreich et leurs
divinités étaient, avant tout, une source d’enrichissement et le fondement de l’économie ; Mecque était un centre des divinités tribales
arabes et leurs idoles, à laquelle on faisait le pèlerinage et les offrandes et
autour de laquelle se tenaient les marchés… »
Oui, ce ne sont pas les idoles pour
elles-mêmes, ce sacré dont les gens s’y attachent, cependant, elles sont son
motif, et une manifestation qui ne se détache guère de la formation de la
société Korachite, et il est vraiment étonnant de séparer, l’apparition des
centres commerciaux, de l’apparition des centres de prière. Mais, il est plus
étonnant encore de considérer que le combat des idoles ne signifierait que de s’en
prendre à la coutume du pèlerinage(n’est-ce pas cela de prendre les sages de
Koreich en dupes !) et, ne serait pas l’ensemble de l’ordre prévalant,
dont ne s’en détachent ces traditions…
Qu’est-ce qui fait que Jabri, encore
une fois, conclut que les dignitaires de Koreich étaient des adeptes de ce « trade-unionisme »
ou qu’ils utilisaient, comme cela, une méthodologie qui se proclame du marxisme, et dont il est réellement une copie systématique banale. Qu’est-ce qui l’habiliterait
à parler en leur nom pour dire : « ces réserves n’empêchent absolument
pas de relire la révélation de Mahomet, une lecture politique en quelque sorte.
Et, ce compte tenu que les protagonistes de cette révélation, qui appartiennent
à Koreich, l’ont interprété dès le début d’une approche politique, et l’ont
affronté politiquement. Ils ont perçu, dans cette révélation, une attentation aux
fondements de leur entité économique, et par conséquent, à leur pouvoir politique
et de leur existence même.
Ainsi, l’assaut sur les idoles, et l’appel
à embrasser la révélation d’un dieu unique, même si elle émane seulement du
point de vue « croyance », comme a été le cas de la proclamation de
la révélation de Mahomet, signifiait une invitation à détruire ce qui attachait
les tribus à la Mecque pour le pèlerinage, son pouvoir économique et politique,
d’une part, et, d’autre part, il n’était pas possible que la révélation de
Mahomet resta « inactive » devant l’instrumentalisation de la
politique, pour l’attaquer par Koreich. Mais, il était nécessaire, et c’est la
loi de la vie, qu’elle combatte avec son arme propre, ou au moins de faire
usage de l’arme politique, dans la panoplie de ses armes… »
L’on s’étonne qu’un chercheur, comme
Jabri, explique la révélation à travers l’interprétation de Koreich, et l’on s’étonne
encore plus, de sa compréhension de cette lecture. Comment Jabri ne
percevrait-il pas que deux ordres de valeurs s’affrontent dès les premières
secondes ! et pourquoi, affirme-t-il que l’Islam a combattu Koreich avec
ses propres armes, comme si c’était une réaction !
Qu’est-ce qui nous fait comprendre la
véracité d’une telle vision ?
Après avoir présenté les bases
générales des deux ordres, l’on se contentera ici de présenter une autre idée
de Jabri, qui démontre l’intérêt de dignitaires de Koreich, à la langue du
Coran, et leur tentative de la tenir, dès le début, en tant que langue « sacrée »,
dans le cadre de la défense de ce « sacré » dont Jabri n’a pas perçu
que les idoles n’étaient qu’une matérialisation de sa langue; et dont l’arrêt,
conduit à l’effondrement des canaux de perception-imaginative-linguistique, et
par là, à l’effondrement du composant de la communauté même, et non seulement ce
qu’elle possède,(alors que Jabri conçoit que ce que possède l’homme est plus important
que son existence, et ceci c’est son affaire, ou de la sagesse de son marxisme
économiste, que l’on ne regrette pas !
) :
« et , sans aucun doute, le
style du coran, c'est-à-dire sa composition et son éloquence ont été parmi ce
qui a ébloui Koreich, car ils l’ont trouvé, plus recherchée que la rime des
prêtres, la poésie des poètes, et leur idolâtrie qui occasionna, leurs
différends sur la qualification qui s’y applique. Les livres sur l’exégèse,
rapportent que les grands dignitaires de Koreich se sont réunis chez Oualid Ibn
Moghaira, qui était leur plus grand seigneur, et ont débattu de la
qualification, qui convenait sur le coran, et ont abouti à son affirmation :
« le plus plausible, c’est que vous le qualifiez : de magicien qui a
emmené des paroles magiques, avec lesquelles ils sépare la personne de son
père, son frère, son épouse et les siens ».
Jabri n’a saisi ce qu’affirme
Mogheira, que dans la forme, c’est que Koreich a été ébloui en écoutant le
coran, mais comment les dignitaires ont-ils affronté cet éblouissement ?
Ils ont essayé au début « d’adopter » selon les termes de Jabri, son
texte, c'est-à-dire de l’introduire dans l’ordre symbolique dominant et lorsqu’ils
ont échoué Mogheira a divulgué le secret de cet émerveillement du coran à
savoir, que c’est une langue qui sépare entre l’individu de son père… C'est-à-dire
qu’elle menace l’ordre parental dominant et attente aux noms/divinités de « l’esprit
de corps symbolique » et secoue également les fondements de l’esprit de
corps de parenté, mais pourquoi Oualid l’a-t-il considéré de magie et l’a
rejeté alors que son ordre symbolique ne réfute pas la magie ?
C’est une position dualiste, qui retient
le discours dans ce qui est habituel et le rejette en tant que magie contre sa
communauté :{Il a réfléchi et évalué effectivement (considéré réellement
la situation) et a été tué, comment a-t-il évalué} alors que notre ami n’a ni
considéré ni évalué !.
Alors que la seconde présente le
modèle coranique révélé comme modèle qui n’hésite pas sur l’époque c'est-à-dire
comme modèle qui ne peut être absorbé par l’histoire, et cet aspect est très
important car il permet de découvrir la prospection monothéiste authentique du
pouvoir et la révolution qu’introduit cette prospection, dans le champ tribal, dans le sens prépondérant « la décadence » sur la parenté d’esprit de
corps. Si le modèle qui comprend la loi traditionnelle (chariaa) parait comme
un modèle linguistique, qui n’est pas atteint par l’écoulement du temps, et les
changements, et qui ne se concentre dans aucune partie qui se fonde dans son
extérieur ; il infirme, de prime abord, tout pouvoir ou dominance sur le
groupe qui se fonde sur cette loi.
Il s’en suit que l’idée qui considère
la révélation en tant que moyen qui renforce le pouvoir de la tribu, à travers
l’émigration et l’occupation, c'est-à-dire celle qui explique l’apparition de l’Etat
islamique historiquement, en tant que conséquence nécessaire de la révélation,
parait en tant qu’une vision artificielle imaginaire. Il est nécessaire donc,
partant de cette nouvelle conception du pouvoir de bien concevoir, précisément,
ce que la révélation a engendré de changement, dans le cycle de parenté, et le
cycle de distribution des richesses, ainsi
cette négation de toute authenticité originelle positive du pouvoir, a
ouvert une haute dynamique de grande amplitude, qui a atteint les cycles
internes de distribution dans le groupe, comme elle a atteint la relation avec l’extérieur
ou des relations extérieur/intérieur et aux fondements de formation de cet
intérieur, en partant des changements profonds qui ont touché la logique de la
parenté clanique.
L’esprit de corps parental :
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