La pensée politique arabe
de Mohamed Abed Jabri
de Mohamed Abed Jabri
Une lecture critique
Nadhir Jahel.
« La
tribu » « le butin » « la croyance » trois mots
et un nom qui a servi de miroir : Ibn Khaldoun.. j’ai lu l’ouvrage de
Mohamed Abed Jabri « la pensée politique arabe » trois fois
recherchant la sémantique méthodologique
logique qu’il utilise pour l’apprendre et m’enrichir. Je n’ai trouvé qu’un miroir
déformant, qui déforme les lignes et qui défigure les images….et trois chapeaux
d’apparence maghrébine mais qui se dilatent(s’étirent) : « la
croyance » « le butin » et « la tribu » .
1.
Les notions dilatables(étirables)
Jabri commence son ouvrage par une
lecture de la pensée occidentale moderne « pour emprunter » quelques notions
qui sont de trois : « l'inconscient politique », « l'imaginaire social » « le domaine politique »
La première notion, « l'inconscient politique », que Jabri
emprunte à «Régis Debray » et
qu’il n’utilise pas avec la même portée ni le même sens, mais
dans la limite qu’impose (son sujet) qui est très différent du sujet
traité par Debray : Debray rédigeait son livre en pensant à la société
industrielle européenne, dans laquelle les relations sociales de type tribal et
sectaire occupaient une position qui se trouve réellement en deçà de celles que
tiennent les relations économiques
évoluées, les rapports de production.
Alors que dans nos sociétés arabes,
anciennes et de nos jours, la situation
est presqu’à l’opposé complètement. Les relations sociales de type tribal et
sectaire continuent d’occuper une position essentielle et franche dans la vie
politique, alors que les relations économiques, les rapports de production,
n’influent sur la société que d’une façon relative.
Ainsi, si la fonction de la notion de
« inconscient politique » chez Debray est de démontrer ce qui est tribal
et religieux dans le comportement politique, dans les sociétés européennes
modernes, sa fonction, sera pour nous, à
l’opposé, de démontrer ce qui est
politique dans le comportement religieux
et le comportement tribal dans la société arabe ancienne et moderne(…..)
Aussi, l'inconscient politique, qui
forme la pensée politique, ne doit pas être considéré uniquement en tant que « religieux »
et « tribal » qu’on manipule par les convictions religieuses et l’acharnement
tribal(….), ainsi, ce qui constitue la
base ici c’est la conviction religieuse et non « le choix politique »
ainsi l'inconscient politique pour nous ne se base pas toujours sur la
religion, comme en Europe de nos jours au moins, selon Debray, mais
l’endoctrinement religieux chez nous domine l'inconscient politique et le
couvre, et c’est ce qui transparaît clairement à travers les chapitres de ce
livre.
Ce qu’on comprend de ce texte c’est
que l’endoctrinement religieux chez nous domine l'inconscient politique et le couvre, que retient-on de cette assertion ? L’expression inconscient politique pour Debray relève des accumulations
comportementales du passé, et signifie quelque chose, même si c’est une appréciation, malgré les fortes réserves que l’on doive exprimer devant cet
évolutionnisme brut, mais chez Jébri qu’est-ce qui domine quoi, ou pourquoi
domine un quelconque niveau de la réalité sur d’autres niveaux et « le
politique » ainsi que « le religieux » n’ont connu, à son avis,
aucune différenciation ou changement réel, lui qui reprend avec Ibn Khaldoun :
le passé ressemble à celui qui pompe l’eau de l’eau. Il est étonnant de comprendre comment quelqu’un utiliserait des notions
« d’emprunt » qu’il « conjugue » avant d’utiliser !.
La deuxième notion « l’imaginaire
social » il « l’emprunte » à Pierre Ansart qui à son tour
l’emprunte à Max Weber (de celui qui possède au démuni)((من المالك إلى الهالك
(Par l'expression « imaginaire social », on désigne l'ensemble
des représentations imaginaires propres à un groupe social : les mythes,
les croyances cosmiques et religieuses, les utopies. On suppose que cet
ensemble, générateur de significations, participe à la vie commune, aux
pratiques sociales : ce sont ces liens, ces implications du symbolique
dans les pratiques qui retiennent particulièrement l'attention des analystes du
social).
De quelle façon œuvre Jabri en vue d’intégrer dans son milieu
pour étayer son sujet ? citation : « Notre imaginaire
social arabe est l’édifice imaginaire plein de notre capital de réalisations, de
victoires et de souffrances, et dans lequel se trouve un grand nombre de nos héros
du passé comme Chanfari, Emrououl Kaies, Amr Ibn Kalthoum, Hatem Taâï, Aal
Yesser, Omar Khattab, Khaled Ibn Oualid, Hussein et Omar Ibn Abdelaziz, Haroun
Rachid, les milles et une nuit(…..), à côté des héros des temps présents….. »
Ainsi s’opère l’intégration dans le milieu du concept. L’on remplace l’image de
Saint Louis par Hussein et Lincoln par Ibn Abdelaziz….Ainsi les notions ne
deviennent –elles pas des chapeau qu’on fait porter ou des représentations de
la lampe magique d’Aladin ?!
La troisième « le domaine politique »
qui se trouve « enjolivé » entre parenthèses « qu’emprunte »
Jabri de l’un des professeurs des sciences sociales Bertrand Badie « l’Etat
importé, l’occidentalisation de l’ordre politique » qu’il critique pour
affirmer qu’on n’a pas à construire une église en Islam pour qu’on l’abandonne
en vue de favoriser le progrès de notre société et que Weber se trompe : « ainsi
l’économie capitaliste se trouve redevable, dans une large mesure, à son
apparition au protestantisme. Et si on retient la mesure inverse, comme c’est le
cas pour Badie, se fondant sur la théorie de Weber, on imputerait la non
apparition du capitalisme, dans le monde arabe et islamique, au fait qu’il n’ait
pas connu une réforme religieuse du type que l’Europe a connu avec Luther,
cette affirmation conditionne l’apparition du capitalisme à l’introduction de
réformes de la religion du genre opéré par Luther et Calvin. Et ceci, que d’aucun n’ait affirmé, l’exemple du Japon contredit ce
préjugé. Mais, il se trouve qu'on inverse l’affirmation en soutenant que la
morale protestantiste n’a pas été la cause de l’esprit capitaliste et, qu’elle
en a été la résultante de l’évolution économique dans un sens capitalistique.
L’on ne peut comprendre comment l’exemple du
Japon contredit-il cette assertion, si le capitalisme au Japon est la
résultante d’une intégration entre les valeurs capitalistiques qui sont nées en
occident et les valeurs traditionnelles japonaises, même si l’on infirme l’affirmation
de Weber, comment justifier la considération de la justesse de l’affirmation
marxiste….l’on est en droit de nous poser la question si l’on devait analyser
cette question, car Jabri ne manque pas d’affirmer que l’on ne peut distinguer
dans les sociétés pré capitalistes entre les superstructures et les
infrastructures et de là entre le religieux, l’économique et le politique :
« l’une des caractéristiques de l’ordre capitalisme est qu’il rend la
société dans laquelle il se développe se diviser en deux structures : une
infrastructure ou la base économique dont l’industrie constitue l’ossature, et
une superstructure formée par les organismes étatiques et ses institutions et l’idéologie
qui s’y rattache. Alors que les sociétés, dans lesquelles la situation n’a pas
évolué au « stade » du capitalisme ne connaissent pas cette
différenciation entre les deux structures, mais ce qui prévaut c’est la
confusion de leurs éléments qui font que la société forme l’image d’une
construction totale unique. C’est la caractéristique des sociétés qui sont
désignées sous l’appellation dans le jargon politique et social moderne «
les sociétés précapitalistes ». Sujet qui nécessite un examen approfondi…….
Ici, l’on découvre l’impossibilité du dialogue
avec l’auteur et d’avouer notre incapacité, car comment prévaudrait la religion
sur le politique et l’économique(le butin) Page 4 et il se confond avec le
politique dans un autre § de la même
partie (les sociétés pré capitalistes).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire