La pensée politique arabe
de Mohamed Abed Jabri
Une lecture critique Nadhir Jahel.
traduction de la langue arabe.
Revue Exégèse (IJTIHAD) N° 15/16
printemps-été 1992.
(article intégral)
(article intégral)
« La tribu » « le
butin » « la croyance » trois mots et un nom qui a servi de miroir : Ibn
Khaldoun.. j’ai lu l’ouvrage de Mohamed Abed Jabri « la pensée politique arabe » trois fois
recherchant la sémantique méthodologique
logique qu’il utilise pour l’apprendre
et m’enrichir. Je n’ai trouvé qu’un miroir déformant, qui déforme les
lignes et qui défigure les images….et trois chapeaux d’apparence maghrébine
mais qui se dilatent(s’étirent) : « la croyance » « le butin » et « la tribu »
.
1. Les notions
dilatables(étirables)
Jabri commence son ouvrage par une lecture de la pensée
occidentale moderne « pour emprunter » quelques notions qui sont de trois : « l'inconscient politique », « l'imaginaire
social » « le domaine politique »
La première notion, « l'inconscient politique », que
Jabri emprunte à «Régis Debray » et qu’il n’utilise pas avec la même portée ni le
même sens, mais dans la limite qu’impose (son sujet) qui est
très différent du sujet traité par Debray : Debray rédigeait son livre en pensant
à la société industrielle européenne, dans laquelle les relations sociales de
type tribal et sectaire occupaient une position qui se trouve réellement en
deçà de celles que tiennent les
relations économiques évoluées, les rapports de production.
Alors que dans nos sociétés arabes, anciennes et de nos
jours, la situation est presqu’à
l’opposé complètement. Les relations sociales de type tribal et sectaire
continuent d’occuper une position essentielle et franche dans la vie politique,
alors que les relations économiques, les rapports de production, n’influent sur
la société que d’une façon relative.
Ainsi, si la fonction de la notion de « inconscient politique
» chez Debray est de démontrer ce qui est tribal et religieux dans le
comportement politique, dans les sociétés européennes modernes, sa fonction,
sera pour nous, à l’opposé, de démontrer ce qui est politique dans le
comportement religieux et le
comportement tribal dans la société arabe ancienne et moderne(…..)
Aussi, l'inconscient politique, qui forme la pensée
politique, ne doit pas être considéré
uniquement en tant que « religieux » et « tribal » qu’on manipule par
les convictions religieuses et l’acharnement tribal(….), ainsi, ce qui constitue la base ici c’est la
conviction religieuse et non « le choix politique » ainsi l'inconscient
politique pour nous ne se base pas toujours sur la religion, comme en Europe de
nos jours au moins, selon Debray, mais l’endoctrinement religieux chez nous
domine l'inconscient politique et le couvre, et c’est ce qui transparaît
clairement à travers les chapitres de ce livre.
Ce qu’on comprend de ce texte c’est que l’endoctrinement
religieux chez nous domine l'inconscient
politique et le couvre, que retient-on de cette assertion ? L’expression
inconscient politique pour Debray relève
des accumulations comportementales du passé, et signifie quelque chose, même si
c’est une appréciation, malgré les fortes réserves que l’on doive exprimer
devant cet évolutionnisme brut, mais chez Jébri qu’est-ce qui domine quoi, ou
pourquoi domine un quelconque niveau de
la réalité sur d’autres niveaux et « le politique » ainsi que « le religieux »
n’ont connu, à son avis, aucune
différenciation ou
changement réel, lui qui reprend
avec Ibn Khaldoun : le passé ressemble à celui
qui pompe l’eau de l’eau. Il est
étonnant de comprendre comment quelqu’un utiliserait des notions « d’emprunt
» qu’il « conjugue » avant d’utiliser !.La deuxième notion « l’imaginaire
social » il « l’emprunte » à Pierre Ansart qui à son tour l’emprunte à Max
Weber (de celui qui possède au démuni)(من المالك إلى (الهالك
(Par l'expression « imaginaire social », on désigne l'ensemble des représentations imaginaires propres à un groupe social : les mythes, les croyances cosmiques et religieuses, les utopies. On suppose que cet ensemble, générateur de significations, participe à la vie commune, aux pratiques sociales : ce sont ces liens, ces implications du symbolique dans les pratiques qui retiennent particulièrement l'attention des analystes du social).
(Par l'expression « imaginaire social », on désigne l'ensemble des représentations imaginaires propres à un groupe social : les mythes, les croyances cosmiques et religieuses, les utopies. On suppose que cet ensemble, générateur de significations, participe à la vie commune, aux pratiques sociales : ce sont ces liens, ces implications du symbolique dans les pratiques qui retiennent particulièrement l'attention des analystes du social).
De quelle façon œuvre
Jabri en vue d’intégrer dans son milieu
pour étayer son sujet ? citation : «
Notre imaginaire social arabe est l’édifice imaginaire plein de notre capital
de réalisations, de victoires et de souffrances, et dans lequel se trouve un
grand nombre de nos héros du passé comme Chanfari, Emrououl Kaies, Amr Ibn
Kalthoum, Hatem Taâï, Aal Yesser, Omar Khattab, Khaled Ibn Oualid, Hussein et
Omar Ibn Abdelaziz, Haroun Rachid, les milles et une nuit(…..), à côté des
héros des temps présents….. » Ainsi s’opère l’intégration dans le milieu du
concept. L’on remplace l’image de Saint Louis par Hussein et Lincoln par Ibn
Abdelaziz….Ainsi les notions ne deviennent –elles pas des chapeau qu’on fait
porter ou des représentations de la lampe magique d’Aladin ?!
La troisième « le
domaine politique » qui se trouve « enjolivé » entre parenthèses « qu’emprunte
» Jabri de l’un des professeurs des sciences sociales Bertrand Badie « l’Etat
importé, l’occidentalisation de l’ordre politique » qu’il critique pour affirmer
qu’on n’a pas à construire une église en Islam pour qu’on l’abandonne en vue de
favoriser le progrès de notre société et que Weber se trompe : « ainsi
l’économie capitaliste se trouve redevable, dans une large mesure, à son
apparition au protestantisme. Et si on retient la mesure inverse, comme c’est
le cas pour Badie, se fondant sur la théorie de Weber, on imputerait la non
apparition du capitalisme, dans le monde arabe et islamique, au fait qu’il
n’ait pas connu une réforme religieuse du type que l’Europe a connu avec
Luther, cette affirmation conditionne l’apparition du capitalisme à
l’introduction de réformes de la religion du genre opéré par Luther et Calvin.
Et ceci, que d’aucun n’ait affirmé, l’exemple du Japon contredit ce
préjugé. Mais, il se trouve qu'on inverse l’affirmation en soutenant que la
morale protestantiste n’a pas été la cause de l’esprit capitaliste et, qu’elle
en a été la résultante de l’évolution économique dans un sens capitalistique.
L’on ne peut comprendre comment l’exemple du Japon
contredit-il cette assertion, si le capitalisme au Japon est la résultante
d’une intégration entre les valeurs capitalistiques qui sont nées en occident
et les valeurs traditionnelles japonaises, même si l’on
infirme l’affirmation de Weber, comment justifier la considération de la
justesse de l’affirmation marxiste….l’on est en droit de nous poser la question
si l’on devait analyser cette question, car Jabri ne manque pas d’affirmer que
l’on ne peut distinguer dans les sociétés pré capitalistes entre les
superstructures et les infrastructures et de là entre le religieux,
l’économique et le politique : « l’une des caractéristiques de l’ordre
capitalisme est qu’il rend la société dans laquelle il se développe se diviser
en deux structures : une infrastructure ou la base économique dont l’industrie
constitue l’ossature, et une superstructure formée par les organismes étatiques
et ses institutions et l’idéologie qui s’y rattache. Alors que les sociétés,
dans lesquelles la situation n’a pas évolué au « stade » du capitalisme ne
connaissent pas cette différenciation entre les deux structures, mais ce qui
prévaut c’est la confusion de leurs éléments qui font que la société forme
l’image d’une construction totale unique. C’est la caractéristique des sociétés
qui sont désignées sous l’appellation dans le jargon politique et social
moderne « les sociétés précapitalistes
». Sujet qui nécessite un examen approfondi…….
Ici, l’on découvre l’impossibilité du dialogue avec l’auteur
et d’avouer notre incapacité, car comment prévaudrait la religion sur le
politique et l’économique(le butin) Page 4 et il se confond avec le politique
dans un autre § de la même partie (les
sociétés pré capitalistes).
Jabri, après avoir usé d’emprunts et « l’adaptation » des
concepts, Khaldouniens synthétise son
approche en choisissant malencontreusement, d’une façon aléatoire, le principe
tautologique du phénomène sociologique, dans les sociétés non capitalistes, et
l’unité infra et super structurelle, de ces sociétés ainsi que l’importance de
la religion, des liens de parenté et d’une relative pondération de l’aspect
économique, d’une société à l’autre et d’une époque historique à l’autre.
La référence à Ibn Khaldoun, dans les conclusions qu’il en a
tiré, bien qu’elles nous rapprochent de notre patrimoine, ne justifie pas le
consensus que nous observons facilement entre son approche tautologique du
phénomène sociologique et son étude de cet aspect, dans son cadre général, la
civilisation, l’affirmation du rôle du patriotisme ou du lien familial, du
prêche religieux dans la construction de l’Etat et des Royaumes d’une part et
ce que nous fournit la recherche occidentale moderne et de l’importance qu’elle
accorde à cet aspect d’autre part.
Cependant, le retour à la référence d’Ibn Khaldoun se justifie
avant tout par la situation sociale qui prévaut dans le monde arabe et dans
d’autres pays et qui rend le sujet de l’appartenance tribale, le sectarisme,
l’intégrisme religieux fanatique, légitime, souhaité et non décrié, comme ce
fut le cas il y a seulement deux décennies.
S’il est vrai que l’analyse du présent nous dévoile les clés
pour comprendre le passé, comme l’affirme Marx, il se trouve que le présent du
monde arabe qui connait « le retour des frustrations » comme le tribalisme, le
sectarisme, « le kharijisme » religieux nous offre les clés du passé si ce
n’est les clés essentielles, qui nous remettent à Ibn Khaldoun du fait que ces
conclusions qu’il a tiré de son époque, de sa riche expérience politique, qui
lui a permis de découvrir les clés du passé, le passé de son présent qui lui
ressemble comme l’eau que l’on recueille d’un cours d’eau sont les mêmes.
Jébri utilise cet instrument pour maitriser l’essence de
l’histoire et de passer du temps au présent où se rencontrent le temps, le
présent et le passé et se ressemblent…l’essence de l’histoire se dévoile sans
événements ni des différences (tout est eau avant la création !), l’économie
mercantile, le comportement tribal, l’extrémisme religieux.
Ainsi, les concepts Khaldouniens semblent se figer de prime
abord au lieu de les formuler à travers une lecture critique de
l’Exégèse(Muqaddima) en vue de la charger d’une force qui éclaire ; qui épuise
tout ce qu’elle porte d’énergie en vue de faire bouger les concepts qui se
trouvent transformés en marionnettes élastiques sans forme, sans borne, qui
n’exprime que la haine et le mépris de certains intellectuels, à la religion et
l’histoire et sa réduction dans les faits d’actions déviationnistes et de
comportements despotiques au nom de la religion ou de la tradition. Ils
déversent l’enfant avec l’eau de la baignoire.
L’on peut revenir à Ibn Khaldoun en vue de comprendre le
présent et le passé mais la difficulté réside dans l’approche de Jébri des
concepts Khaldouniens tout dabord et la possibilité d’éclairer par la
méthodologie Khaldounienne l’histoire de l’Islam, notamment la période
institutionnelle dont les événements sont relatés dans la doctrine puisée de la
vie du prophète.
Primo : « la tribu » de Jabri et le clanisme(asabiya)
khaldounien.
Quelle relation lie « la tribu » de Jabri et le clanisme en
tant que fondement de la doctrine khaldounienne :
« Par tribu, on entend le rôle qu’attribuent les
anthropologues occidentaux à la « parenté » dans l’étude des sociétés «
primitives » et les sociétés précapitalistes, et d’une façon générale ce qu’Ibn
Khaldoun qualifie de « clanisme » (asabiya) dans l’étude « des caractéristiques
de la civilisation » dans l’expérience « arabo-islamique », jusqu’à son époque,
et que l’on désigne de nos jours de « clanisme », lorsqu’on parle d’une forme
de gouvernement ou d’une pratique
politique ou sociale qui se base «
sur les proches » très proches et éloignés, au lieu de compter sur les
compétences et l’expérience, qui jouissent de la confiance des gens et de leur
respect ou qui ont une certaine représentativité démocratique libre.
L’on ne prend pas en compte uniquement les proches
consanguins réels ou imaginaires, mais également les proches, dans le sens de
portée affective de clan, comme d’appartenance à une ville, une région, une
secte ou un parti politique, lorsque cette appartenance distingue uniquement «
le moi » de « l’autre » dans le domaine politique.
Comment peut-on croire que le degré de parenté ait joué dans
toutes « les sociétés primitives », et les sociétés précapitalistes (l’on ne
sait pourquoi Jabri mettrait cette dernière entre parenthèses. Est-ce que ce concept est ici plus précis que les
sociétés primitives ?!). Ce que l’appartenance a joué dans l’expérience islamique,
jusqu’à son époque, ou ce qu’on désigne de nos jours « clanisme », (est-ce que
l’on ne peut concevoir ce qu’il est précisément) son rôle….
Comment peut-on croire qu’un chercheur qui prétend libérer
l’esprit politique arabe des « barrières du savoir idéologique » ne
s’empêcherait-il pas de placer tout ce qu’a connu l’histoire de l’humanité de
formes sociales « depuis « le déluge »
ou avant dans une même classification : les sociétés précapitalistes. Que
signifie cette expression, dans ce cas, si ce n’est « l’autre » le non Européen
et quelle est la conclusion que souhaiterait tirer Jabri de tout celà, autre
que la « déification» de cet Européen dont il nous invite, à la fin de son
ouvrage, à appartenir à sa démocratie, annonçant l’échec de l’expérience
islamique et le déclin historique de l’islam, comme s’il appartenait à
l’individu de changer son appartenance, comme il changerait sa politique ou
comme si l’occident « saisirait » une pareille confidence de l’infériorité, qui
justifierait la revendication d’intellectuels comme Jabri de leur appartenance
à sa civilisation.
L’on est en droit de nous interroger, comment la parenté
serait-elle une donnée anthropologique convenue, dans les sociétés primitives ?
Quand-est-ce que les anthropologues ont-ils été unanimes pour affirmer que la
tribu constitue le noyau de la paternité originaire et dominante dans les
sociétés primitives ? Et, puis le différend profond, qui perdure jusqu’à
présent, sur le degré d’authenticité prononcé entre la tribu ou le noyau
familial, et malgré l’essai de sa solution par Strauss à travers l’atome du
rapprochement, ne démontre-t-il pas la querelle qui subsiste entre le degré de
parenté biologique et le rapprochement basé sur les échanges qui repose sur
l’équilibre ?... L’on reviendra sur cette question, dans notre présentation des
transformations qui sont advenues sur les normes du rapprochement sous
l’éclairage qui se propage de la logique de l’unicité islamique.
Par ailleurs, est-il vrai, que ces savants sont unanimes pour
considérer que le recours aux compétences, est en contradiction constante du
recours aux proches et que les tribus n’ont jamais connu la libre
représentativité ? Jabri n’a-t-il pas lu les écrits de Pierre Clastres et de
Michel Gaucher, nonobstant son degré de véracité ?. La vérité c’est que Jabri
nous force à ignorer tout dialogue réel avec la pensée occidentale ou «
orientale » qui nous permet par son truchement d’apprendre, car les notions ici
restent floues.. Tous les chats pendant la nuit sont noirs et les eaux basses,
continuer à avancer en pataugeant dans la boue est pénible mais doit-on
poursuivre notre voie ?!.
Nous sommes devant un concept élastique : « la tribu » (entre
guillemets), un concept qu’on peut charger de n’importe quelle portée, que peut
enjamber Jabri pour naviguer à travers les étapes de l’histoire arabe :
l’époque préislamique s’est caractérisée par la prédominance « de la tribu » de
même que la Oumma, pendant la propagation du message de l’islam, malgré la
force « de la croyance » elle ne s’est formée qu’en tant que cadre qui unit les
tribus même si ce cadre la dépasse de quel détail ? on l’ignore)
Sans compter les autres étapes et le nouveau clanisme actuel
conséquence « du retour du refoulé » est très beau, comme si le refoulé ne
comprenait pas dans la conception freudienne, les penchants intériorisés du
subconscient le plus proche de la nature ou, du moins, ne serait pas conservé
dans la partie du subconscient ou il s’y confond avec ce qui le rapprocherait
de l’instinct.
De ce fait il est
nécessaire à l’homme de dépenser une
énergie psychologique énorme pour la refouler…Est-ce ceci ce qu’entend Jabri :
à savoir que « le clanisme » et le « fanatisme religieux » ne peuvent être
retirés de la nature de l’Arabe ? le musulman ?...Est-ce là une proposition
pour se départir de son identité ou de prêter allégeance….Pour qui ? ces idées
n’amenuisent-elles pas le niveau de la concertation et n'appauvrirait-elle pas
l’existence même de l’homme interlocuteur ?... Doit-on poursuivre le discours ?
Nous avons espéré que l’ouvrage soit une occasion propice
pour une nouvelle lecture de l’exégèse d’Ibn Khaldoun et de l’histoire de
l’Islam qui dévoilerait et éclairerait. Et nous voilà devant ce mauvais texte
qui nous fait tomber et nous mèner à discuter la forme et la signification des
concepts…Mais essayons, malgré cela, et avant de passer directement à Ibn
Khaldoun, en vue de critiquer le concept de « clanisme », d’utiliser, une dernière fois, le miroir de
Jabri, à travers le suivi de ses idées « khaldouniennes », qu’on suppose
soutenable et claire. C'est-à-dire de
nous confronter à l’homme sur ses points de force, c'est-à-dire de passer au
lien avant de nous tenir aux définitions rapides contenues dans « la pensée
politique arabe » et son livre « sectarisme et Etat » dans lequel nous
retrouvons une analyse approfondie du concept de sectarisme. Que propose Jabri
ici ? ci-après une partie de ce qu’il affirme :
« la base du tribalisme, c’est la disposition naturelle,
théorique, qui pousse l’individu à soutenir son proche consanguin, de le défendre
et le soutenir et cette tendance
est naturelle dans le genre humain depuis sa création ».
« Ce que Dieu a placé dans le cœur de sa créature de
compassion et d’engagement, pour défendre leurs congénitaires, et leurs
proches, sont ancrées dans la nature
humaine, et permettent la solidarité et
l'identification, ce qui amplifie leur crainte par l’ennemi » .
La question se trouve ici une question de « caractère » ou «
de nature humaine » et le clanisme(asabiya) sous cette considération est une
manifestation sociale naturelle, dans l'acception qu'elle accompagne la
sociabilité humaine liée à la « nature » à l’objet, elle est ainsi une des
manifestations identitaires de la vie en société »
Il est clair que les définitions khaldouniennes, du clanisme,
dont se suffit ici Jabri, ne dépassent guère des définitions descriptives,
introductives qu’Ibn Khaldoun essaye, à travers celles-ci, de démontrer que le
clanisme est une donnée naturelle, en vue de la rendre un principe de la
sociabilité et de la politique, qu’il utilise pour défendre le pouvoir basé sur
la force. Ce qui ne permet pas, réellement, de considérer le clanisme en tant
que manifestation sociale « naturelle » ou, que cette considération, fait
perdre au concept sa signification et occulte ce que le texte d’Ibn Khaldoun
comprend de définition précise. Quelle est cette définition khaldounienne
précise du clanisme.
Ecoutons Ibn Khaldoun :
« Comme la vie en société et le clanisme sont, dans le
constitué comme un composant, ainsi que le composant de celui en constitution,
il ne serait pas utile si ses éléments se neutralisent, il est nécessaire la
dominance d’un élément conditionnant sa formation. Le secret de la conditionnalité, de la
prédominance dans le clanisme, et de la nécessité de la conservation de la
présidence dans la partie à laquelle elle revient, comme on l’a conclu » quel
est ce en formation dont parle Ibn Khaldoun et dont le clanisme forme le
composant ?
Secundo : critique du concept de clanisme chez Ibn Khaldoun :
L’intérêt essentiel
d’Ibn Khaldoun, par la définition du concept de l’esprit de corps (asabiya), se trouve l’affirmation du pouvoir dominant, basé sur la force. Ce point de départ
paraît naturel pour deux considérations :
La première : partir de la tradition bédouine,
La seconde : le principe général, dans ce milieu, se base sur
la légalité de la force au lieu de la force de la loi.
Ce qui implique que la force se trouve au centre de la
formation de l’esprit de corps en général.
Deux questions subséquentes :
- Est-ce que
l’esprit de corps est réellement le composant, qui constitue la toile de fond
des relations de parenté, dans la presqu’Ile arabique au temps de la révélation
?,
- Et, si la
question se présente sous cet aspect : comment peut-on définir cette formation
sociale spéciale, dont l’esprit de corps en constitue la composante ?.
Le concept de domination pour Ibn Khaldoun est très
important, et nous permet à travers les études disponibles, et les recherches
réalisées, de découvrir le degré de véracité du concept d’engagement de
l’esprit de corps, et son acuité en tant que
« révélateur ».
Il est nécessaire, en vue de concevoir cette signification,
de se représenter le constituant parenté, en partant d’un champ formé de
réseaux de parenté(relations de parenté, d’alliances), complexe, enchevêtré,
que signifierait la domination dans ce milieu ? Celle-ci implique l’émergence
d’un ou de (plusieurs) éléments, se transformant en pôles d’attraction , qui
portent la parenté, d’un moyen par lequel l’homme détermine sa position(proche,
éloigné) des autres, et d’un registre dont on se servirait pour établir les
liaisons dans un rassemblement, à un registre /origine qui mesure les relations
et les positions, et se transforme en base de calcul de référence.
Dans ce sens, la parenté authentique ouvre une dynamique qui
se base sur la concentration de la force, et son ancrage propre lui permettant
de fixer ses racines dans la nature, à travers la souveraineté et l’échelle
d’alliances qui porte l’origine de parenté, au stade de genre, d’espèces
naturelles, qui se multiplient.
Cependant, cette forme de croissance, cette prédominance, de
ces pôles d’attraction, se caractérise chez Ibn Khaldoun en tant que phénomènes
temporaires et événementiels d’une situation antérieure ; Quelle est cette situation
? Suivons attentivement ce qu’il affirme
:
« L’origine de toute honorabilité est extérieur, c'est-à-dire
qu’elle émane d’une présidence et d’un honneur qui la qualifie, et son
contraire, l’absence d’appartenance, signifie que toute honorabilité et appartenance, n’existait pas avant son
occurrence, comme c’est le cas pour tout
événement.
La fin du lien
intervient à la quatrième génération, qui déviera de la voie de ses prédécesseurs, en tout, et
perd la continuité, comme l’on découvrira de la considération des relations
entre les hommes, dont on ne sait ni comment ni la cause de son occurrence, en
imaginant que c’est le lien de parenté seulement qui l’impose, alors, celle-ci
s’en éloigne et ne percevrait que son mérite
sur son clan, confiante en son éducation à les suivre, en ignorant ce
qui a nécessité cette relation d’appartenance… ».
Le cycle de succession entre les clans est en rapport avec
cette « extériorité », qui se trouve de quitter l’honorabilité à la décadence,
qui accompagne le passage de l’honorabilité d’un clan à un autre….C’est ce
qu’on retient d’une première lecture du texte, mais si l’on examine
attentivement sa signification ; l’on découvrira que cette situation
d’instabilité, cette domination, qui ne cesse de se battre, dans un champ de
forces qui s’affrontent, et qui ne peut atteindre qu’un équilibre momentané «
implique que toute honorabilité, est précédée par son absence ».
Il apparaît ainsi, si l’on cerne tout honneur …et son
absence, compte tenu qu’à l’origine, il n’existe aucun lien de parenté, en
l’absence d’une concentration de la force, il en découle que cette concentration
n’est que provisoire, et ne comprend pas les causes de son renforcement ou de
sa formation, enraciné et constant, dans une partie …..
Si la condition de tout honneur initial se trouve extérieure
à tout honneur ; ceci signifie que la tendance générale, à laquelle est soumis
l’esprit de corps en formation, se trouve la corruption. Il n’apparait pas que
l’explication générale donnée par Ibn Khaldoun de cet état de corruption, qu’il
impute à l’ordre de la création, convaincant, mais parait une forme de
subterfuge et d’un maquillage, par le recours à la philosophie
aristotélicienne, en vue de cacher un examen critique, des fondements de la
puissance dominante, s’infiltre, dans la même démarche, par laquelle Ibn
Khaldoun fonde sa légitimité.
Le fondement ou la base se trouve, ici, dans la décomposition
de l’esprit de corps, en formation basé sur la domination ; de même que cette
domination parait comme un ordre provisoire à l’intérieur de la tribu, ordre
qui ne porte pas à un clivage, qui ne tranche pas nettement entre gouvernant et
gouverné. Ce fondement, cet enracinement ne se mue pas en règle, mais demeure
passif, formant une barrière sur laquelle s’encastre la mouvance de concentration. Ce qui fait que
l’esprit de corps dépense une énorme énergie et consomme les relations de
parenté (comme on le verra ci-après,
Cette représentation, qui nous parait proche de la logique de
la société tribale, pose deux questions :
La première question :
Se rapporte au modèle de cette vie en société, c'est-à-dire
sa composition, que l’on ne peut comprendre qu’à travers la façon dont il se
forme pour son époque, sa situation géographique et sa langue, compte tenu que
le degré de parenté bien qu’il soit ici l’origine essentiel de la force, dans
l’activité du groupe, elle ne fait pas des autres positions la portée de son
ombre.
Il est erroné, totalement, de croire qu’on puisse découvrir
la logique de la formation générale, en commençant par tirer le principe de
l’esprit de corps, au niveau de la parenté, puis de comprendre les autres
niveaux comme la religion et l’économie…en les rapportant à ce principe perdu
dans les dédales d’un labyrinthe, et les imaginations du type de la composition
des éléments politiques et économiques, puis de les décomposer et de pondérer
l’économique…Car l’important reste ici la formation générale, ce qui implique
la nécessité de fixer les règles qui font qu’un composant se trouve dans ses
niveaux d’échelle réelle, ou même estimative (dans un premier stade d’analyse), en créations différentes mais qui
s’assemblent, dans un seul principe, qui donne à cet élément ou à cette donnée
son identité :
Lorsque l’esprit de corps, se trouve un composant du groupe
en formation, son principe doit se
trouver( et les règles auquelles il se soumet) dans des formes ou créatures
différentes aux niveaux de la langue, la religion et l’économie…et au niveau
des liaisons qui les relient
entre-elles, mais cependant ces créatures ou ces formes nous permettent de
déceler ces niveaux et de les fixer même
de façon approximative.
Nous devons, ainsi, essayer de représenter cette formation,
partant de l’esprit de corps, non en tant que niveau, mais en tant que début,
comme composant. D’où peut-on procéder ?.
Il apparait de ce qui précède, qu’il est nécessaire, de faire
« éclater » les limites du concept d’esprit de corps, en tant que concept
réservé à la parenté, en vue d’atteindre le concept du composé tribal « primitif » général, de faire éclater ses
frontières, en vue d’expliciter ce qui se passe , au niveau de la parenté, pour
comprendre sa formation en général.
Que se passe-t-il au niveau du lien familial ?;
Ce que nous observons ici, l’émergence d’unités de parenté,
qui concentrent la puissance, en consommant, pour cela, l’énergie des autres
unités, transformant la parenté d’une langue de signaux, qu’on utilise pour
observer les lignes de liaison, et les points de rapprochement ou d’éloignement
entre les personnes, et d’une technique pour fixer la périodicité naturelle de
succession des générations, dans un registre culturel linguistique : des liens
de parenté, à une source d’énergie en s’intéressant à sa liaison à la nature,
ce qui la caractérise en tant que source et centre d’attraction du pouvoir…
Cette transformation de la parenté en une dynamique naturelle, qui ramène l’humain
à la multiplication des genres naturels, est en opposition totale de sa
fonction, en tant que langue de signalisation, qui relève la donnée naturelle pour la classer, dans le
milieu social. Et de ce point de vue conduit au cheminement de sa consommation
de l’énergie parentale, à consommer l’énergie expressive c'est-à-dire à
utiliser la langue qui démontre, en une langue magique, dont les significations
se détachent de ses expressions.
Et l’on doit, avant de détailler «ce qui se passe à ces
différents niveaux de parenté, et de langue, puis la richesse et la puissance
politique,- de revenir à cette « extériorité » à la « décadence ». Que
représente cette « décadence », cette situation dans laquelle l’honneur demeure
le centre du pouvoir qui lui est rattaché ? Ibn Khaldoun qui cherche à ancrer
la force, en vue de justifier le pouvoir basé sur l’extorquassion, le voile au
niveau théorique. Mais, si l’on se réfère de nouveau à l’expression « que tout
honneur ou parenté, son absence lui précède » nous découvrons que c’est une
condition originaire. Une condition équilibrée : quelle est cette « décadence
»?.
Elle a commencé maintenant à se dévoiler, en tant que modèle
de parenté islamique. Elle se retrouve dans la société tribale, qui a dévié du
monothéisme et pénétré ce champ, basé sur la concentration des forces, qui se
combattent, entre leur apparition et leur déclin. C’est une situation qui ne
parait pas marginalisée et défigurée, seulement, à cause de l’émergence de la
domination de l’esprit de corps, en tant que déséquilibre qui la rend «
indigence » et ce, après la transformation de la parenté-langue, en une réserve
de parenté, que consomme le pouvoir en vue d’ancrer son identité, et la
transforme en source origine, c'est-à-dire, en une nécessité de création.
Comment cette puissance adapte-t-elle l’esprit de corps, et
le mène en vue d’en faire une identité d’origine, et de la parenté ancrée «
indigence », elle s’adapte elle-même dans deux directions, qui apparaissent
clairement, si on les cherche au niveau de la langue :
La première direction mène, à travers la continuité de la
parenté de succession, des espèces naturelles, à la formation des
classifications nominales, à travers lesquelles, se rattachent les ensembles,
jusqu’au règne animal et végétal.
Et, la seconde, reflète les ramifications du champ parental
sur les astres, et dont se forment, dans son cheminement, les constellations et
les appellations divines, de sorte que « l’esprit de corps symbolique » divin
se lie à l’esprit de corps humain, de similitudes et de réflexion en même temps
: il a été cité dans l’interprétation de la balance : « citation du coran {Ils
imputent à dieu les filles qu’il soit vénéré}Ils prennent les divinités, à
l’exception de dieu ou certains dieux, en genre féminin, affirmant que ce sont
les filles de dieu. Il est rapporté que les tribus de Khuzaa et de Kanana
croyaient : que les anges étaient des filles de dieu.
Les apostats brahman et bouddhistes et les sabii confirment
l’existence de plusieurs divinités, parmi les anges et les démons, du genre
féminin, et qu’elles sont les filles de dieu.
Dans le coran, il est cité {Ils ont fait des anges, qui sont les
créatures du miséricordieux, des femelles} Zokhrof 19, et d’ajouter, {ils ont érigé,
entre dieu et les génies, une parenté } Safat 158. Certains ont motivé cette
féminisation à cause de leur invisibilité.
Si l’on revoit les idées des idolâtres, malgré leur
diversité, et dont on a cité la moitié dans la 10ème partie de ce livre,-on
saura que les arabes n’ont rien inventé dans cette croyance, mais qu’elle prend
racine dans les idées, des ancêtres des idolâtres en Inde, Egypte, Babylon, la
Grèce et Rome. L’examen attentif des
origines de leurs idées, nous fait découvrir qu’ils prennent les anges, dont
découle le bien, et les diables dont découle le mal, en tant que divinités
qu’ils adoraient en les vénérant et en les craignant. Et ces principes
transcendants et ces forces globales, qu’ils leurs imputent, et dont ils sont,
d’une autre façon, la manifestation, se divisent en actif et réactif et
considèrent, leur réunion en mariage et une dualité, dont ils qualifient
l’élément actif, de père et le réactif de mère, et le résultat de leur union de
progéniture, qui se divise en garçons et filles ainsi que certaines divinités,
sont mères et filles, d’une part, et de père et fils, d’autre part.
Si les idolâtres arabes convenaient : que tous les anges sont
les filles de dieu, affirmer qu’ils aient voulu imiter en cela, ceux qui les
ont précédé, par ignorance et sans vérification. Ce texte offre une occasion
unique pour clarifier ce qu’on vise par « esprit de corps symbolique », car il
présente la composition de l’espace de l’idolâtrie symbolique, et sa vision des
apostats en relation avec les brahman et les bouddhistes –et cela conduit à ne
point séparer les idolâtres avant l’islam des apostats comme en dispose Jabri.
Comment apparait cette composition symbolique, et quelle est
sa relation avec l’esprit de corps parental ? Signalons, tout d’abord, que
l’interprétation de Tabtabaii, qui limite cet esprit de corps symbolique à la
gente féminine, en l’imputant à l’ignorance des arabes, est faible, l’espace
symbolique ne peut être analysé sur la base de l’ignorance et le savoir des
ordres symboliques, qu’utilise la communauté pour la formuler, car les façons
de cette formulation prennent une signification en soi . Pourquoi se formerait
l’esprit de corps des anges de genre féminin, et que les arabes n’insistent pas
sur le mariage dans les mondes des anges et des diables ? Une seule réponse
apparait ici et semble probable, car il comprend une énergie qui clarifie,
c’est que l’esprit de corps symbolique est une succession de parenté féminine.
C’est la représentation de l’esprit de
corps parental de la femme, ce n’est pas une parenté d’échange, qui se fonde
sur le mariage, mais une parenté d’alliances, dans laquelle les femmes sont
présentes à la place des hommes. Il s’en suit que le monde des divinités est un
niveau qui ne se distingue pas du composant général, et il nécessite pour sa
continuité une énergie semblable à l’énergie parentale :
« l’énergie linguistique » de même, que l’esprit de corps,
consomme le champ de parenté et le décompose, l’esprit de corps symbolique
consomme le champ d’expression et disperse son sens de sa signification, et elle
ne se détache pas foncièrement du déséquilibre de perception-linguistique.
N’est-il pas attirant l’attention, ou même, étonnant que le
coran impute la vénération de statues à une manifestation linguistique : {ce ne
sont que des noms, que vous avez imaginé vous et vos pères, que dieu n’en a
pourvu d’aucun pouvoir} Najm 23.
Que le nom ne soit pas
objet de transcendance de pouvoir signifie qu’il est dépourvu
d’existence, ce que vous avez nommé de divinités ne sont en fin de compte que
de simples nominations. Ce qui implique que vous avez nommé des noms dont vous
avez transformé le signifiant en signification vide, dont vous avez éparpillé la signification
linguistique.
Ainsi, se crée, au niveau de cet esprit de corps symbolique,
une unité composée et transcendante, qui sépare les événements et les
créatures, selon les signes astrologiques, qui ne les lient au monothéisme qu’à
travers l’ordre de pardon, qui sépare entre la cause et l’attachement suprême
et rend les créatures, qui s’y rattachent et leur rattachement à l’ordre de
causalité général, unifié.
Voici donc un formé général dont le composant se trouve
l’esprit de corps parental, et son apparence essentielle gomme le réseau de
parenté, et la perturbation de la langue, une apparence, qui conduit à une tendance
générale lente vers l’effondrement, ce qui conduit le groupe à œuvrer en vue de
repousser toutes actions de changement temporel…
(Et il dévoile les raisons du renoncement des sociétés
primitives à l’histoire). Un certain genre d’unité dégommé nait dans le groupe
en formation régissant tout niveau de son échelle d’une façon parfaite qui
attribue à chacun de ses niveaux sa spécificité.
Niveau Langue logique/rassemblement
Niveau Langue logique/rassemblement
Les divinités (x) les noms des
divinités ordre du pardon
Les astres prose rimée
L’esprit de corps parental
..................................................(x)Le pèlerinage
Règne animal
poésie
Ordre végétal les noms
totémiques.
II La représentation « de la lampe magique ».
Le passage du cadre de l’esprit de corps, à la formation
générale, dévoile le degré de bassesse de cette observation automatique, qui
considère la religion ou les symboles magiques,
une forme de vernis….Comme si l’homme, même s’il est conscient de ses croyances, se trouvait dans un état schizophrénique qui le porte à les
exploiter dans des desseins de gains économiques ou politiques ne serait pas
schizophrène, en tant qu’individu ou groupe personnellement, ou comme si cet état de schizophrénie ou «
d’hypocrisie »ne serait pas une situation réelle, qui traverse les valeurs du groupe, et
préside à son champ de perception imaginatif-linguistique.
Nous avons ici essayé de formuler quelques observations, qui
pourraient faciliter la compréhension du modèle de société tribale, pendant la
propagation de l’Islam, au début de la révélation, qui est une conception
nécessaire pour présenter un ordre d’hypothèses, au sujet de cette révélation
même :
Est-ce que la révélation religieuse et l’émigration, sont une
résultante de conditions intrinsèques à ce modèle même ? C'est-à-dire est-ce
que l’émigration religieuse était une étape transitoire de transformation, de
l’esprit de corps, en un état qui se consolide sur le principe de la force ?
C’est là le fond de la vision Khaldounienne, qui
s'entrecroise, volontairement ou fortuitemen, avec la majorité des recherches
des orientalistes et des anthropologues, car nous pouvons classer ces études,
en se basant sur deux hypothèses essentielles :
La première, qui considère que l’émigration religieuse était
nécessaire pour inaugurer l’histoire/l’Etat, et démontre ceci soit en se basant
sur la vision parcellaires de la réalité, en niveau qui fait de la religion une
donnée rattachée à l’économique ou le politique, favorisant quelques fois l’un
de ces deux éléments, et, en les
intégrant parfois(les partisans de Godelier).
Et la seconde, qui fait de la société primitive une origine,
et considère l’apparition de l’Islam, une déstabilisation et une corruption de
cette société, qu’il va combattre.
La formation de l’Etat , considérée, en tant qu’une
expression de la division du groupe social, en Gouvernants et Gouvernés. Cette
déstabilisation est estimée une conséquence nécessaire et inévitable, compte tenu que la société du passé est,
fondamentalement, une société qui
s’oppose à l’Etat, c'est-à-dire qui se détermine par l’opposition à sa
formation, dont il est, pour cela, porteur de son germe…
Cette théorie, nous la retrouvons principalement chez Clastre
et Gaucher, et par l’expérimentation de son application pour analyser, la
révélation de l’Islam dans le livre « Rodenson et le prophète de l’Islam » de
Hassen Kabisi.
L’importance de cette interprétation, malgré sa tentative de
brouiller les significations puisées du coran, et sa fausse présentation de la
doctrine du prophète, et son attachement à la position dominante des
orientalistes de l’Islam : Islam=Etat tyrannique, se trouve dans le fait
qu’elle ait attiré l’attention sur l’importance du champ de perception
évaluatif dans la société primitive, et de ce que nous rapporte le Coran, au
sujet de cette société…
Et, en tout état de fait, elle demeure meilleure que la
perception marxiste à laquelle nous ramène Jabri, d’une façon monotone et
simplifiée. Cependant l’on relève,
d’après notre approche du modèle social primitif, avec lequel interagit la
révélation, de prime abord, compte tenu que les deux orientations restent en
dehors d’un réel dialogue ; et qui tourne autour de savoir si ce modèle, qui a
conduit à travers une dynamique propre à l’émigration, et la formation de la
ville(Médine),
-engendrant la naissance de dynamiques de l’histoire de
l’Islam qui semblent, dans cette situation, une finalisation de sa logique,
-au renversement de
cette logique, sous l’effet de changements internes qui s’en détachent,
-que le modèle
islamique est né complètement en dehors de sa logique, et a réagi en dehors de
son expression,
-ou que la société
primitive connait des variables composées et plusieurs hypothèses, en
interaction avec le nouveau modèle,
- alors que d’autres sociétés se sont lancées dans un
mouvement qui vise à instituer une logique contradictoire à la leur, et qui
serait une logique qui n’aurait pu se développer, si ce n’était son adhésion à
l’Islam, dans la mouvance l’instituant (les déliés الطلقاء …..)
La solution de ces questions ne manque pas de difficulté, et
nécessite qu’une étude lui soit consacrée, aussi l’on se limitera ici, en vue
de développer une démarche pour y répondre, d’explorer quelques lignes
conductrices permettant de poursuivre la lecture du texte de Jabri.
L’esprit de corps symbolique :
La prédication de la révélation a revêtu, dès son début,
avant l’Hégire (l’émigration), une forme spécifique différente de la ligne des
révélations qui l’ont précédé, continuellement, dans les sociétés primitives,
qui se trouve une forme miraculeuse d’éloquence révélée. Pour quelle raison la
révélation s’est-elle rattachée, au renoncement au polythéisme, dans la
presqu’île arabique, à cette miraculeuse éloquence de la langue ?
Il nous semble que deux questions liées, relatives à la
langue de la révélation, n’ont pas été l’objet de recherche, dans le domaine de
l’Islam, pour découvrir leur essence La
première est que le miracle, en tant qu’éloquence, qui renforce la relation
entre la signification et le signifiant, qui émane directement de la
décomposition du significateur dans le langage de la magie(idolâtrie, magie),
qui ébranle le champ de représentation de perception…
Est-ce qu’il fallait, pour la dernière révélation, s’attaquer aux racines de la déviation du
monothéisme, par une déviation dans le domaine de la communication et du
contact dans l’existence-de l’homme- dans l’univers ?
Est-ce, compte tenu que le polythéisme, comme il est apparu,
en lieu et époque, lors de la révélation, était la conséquence d’une pareille
déviation ?
Ou, que le message est apparu, là où a été constaté le
polythéisme, de cette façon, pour clore la communication existentielle divine
avec la langue, dans une langue de l’homme, qui se révèle dans une forme que
l’homme ne peut maitriser ?
Une méditation qui ouvre l’Islamisme, sur les sciences de la
communication et la langue, qui nous porte à réexaminer le sens du miracle, qui
demeure malheureusement réduit, cantonné, dans le dilemme posé par Tahaa
Hussein et la réponse qu’il appelle ?
En réalité, l’interaction
de l’Islam avec la formation sociale, à travers l’affrontement des
Idoles, par la langue miraculeuse, était une façon de résoudre le fond du
déséquilibre, partant d’un modèle révélé unique, et ce en vue de relancer les
orientations du monothéisme latent, dans les autres niveaux de cette formation
primitive de rapprochement familial, la distribution des richesses… ou pour
affaiblir les directions de concentration de puissance qui y dominent.
Affronter les idoles par le miracle de l’éloquence linguistique : car les
idoles en tant que dénomination vide, c’est elles qui rendaient la formation «
primitive » clanique possible, et continue, car elles lui assurent le champ
conceptuel-linguistique, qui permet sa reproduction. Est-il vrai, que les
dignitaires de Koreich ne se seraient pas aperçu de la gravité de cet affrontement
« linguistique »
Est-il vrai, qu’ils
n’auraient défendu leurs idoles, que pour des considérations économiques (comme
s’ils étaient les adeptes de la méthodologie fonctionnelle économiste ?) :
Suivons, de nouveau, l’évaluation de Jabri du rapport de Koreich
avec leur langue et leurs idoles, leur
réaction à la révélation, et à la nature de cette révélation dans sa première
phase :
« En réalité, les idoles n’étaient pas pour Koreich ce «
sacré » auquel les gens s’attachent, et se sacrifieraient pour les défendre,
compte tenu de leur sacralité, et n’étaient point des idoles nationales dont
les gens se révolteraient pour défendre, et se sacrifieraient, lorsqu’elles
affrontent « l’autre », qui possèderait ses propres idoles nationales.
Non, les idoles de Koreich et leurs divinités étaient, avant
tout, une source d’enrichissement et le fondement de l’économie ; Mecque était un centre des divinités tribales
arabes et leurs idoles, à laquelle on faisait le pèlerinage et les offrandes et
autour de laquelle se tenaient les marchés… »
Oui, ce ne sont pas les idoles pour elles-mêmes, ce sacré
dont les gens s’y attachent, cependant, elles sont son motif, et une
manifestation qui ne se détache guère de la formation de la société Korachite,
et il est vraiment étonnant de séparer, l’apparition des centres commerciaux,
de l’apparition des centres de prière. Mais, il est plus étonnant encore de
considérer que le combat des idoles ne signifierait que de s’en prendre à la
coutume du pèlerinage(n’est-ce pas cela de prendre les sages de Koreich en
dupes !) et, ne serait pas l’ensemble de l’ordre prévalant, dont ne s’en
détachent ces traditions…
Qu’est-ce qui fait que Jabri, encore une fois, conclut que
les dignitaires de Koreich étaient des adeptes de ce « trade-unionisme » ou qu’ils
utilisaient, comme cela, une méthodologie qui se proclame du marxisme, et dont
il est réellement une copie systématique banale. Qu’est-ce qui l’habiliterait à parler en leur
nom pour dire : « ces réserves n’empêchent absolument pas de relire la révélation
de Mahomet, une lecture politique en quelque sorte. Et, ce compte tenu que les
protagonistes de cette révélation, qui appartiennent à Koreich, l’ont
interprété dès le début d’une approche politique, et l’ont affronté
politiquement. Ils ont perçu, dans cette révélation, une attentation aux
fondements de leur entité économique, et par conséquent, à leur pouvoir
politique et de leur existence même.
Ainsi, l’assaut sur les idoles, et l’appel à embrasser la
révélation d’un dieu unique, même si elle émane seulement du point de vue «
croyance », comme a été le cas de la proclamation de la révélation de Mahomet,
signifiait une invitation à détruire ce qui attachait les tribus à la Mecque
pour le pèlerinage, son pouvoir économique et politique, d’une part, et,
d’autre part, il n’était pas possible que la révélation de Mahomet resta «
inactive » devant l’instrumentalisation de la politique, pour l’attaquer par
Koreich. Mais, il était nécessaire, et c’est la loi de la vie, qu’elle combatte
avec son arme propre, ou au moins de faire usage de l’arme politique, dans la
panoplie de ses armes… »
L’on s’étonne qu’un chercheur, comme Jabri, explique la
révélation à travers l’interprétation de Koreich, et l’on s’étonne encore plus,
de sa compréhension de cette lecture. Comment
Jabri ne percevrait-il pas que deux ordres de valeurs s’affrontent dès les
premières secondes ! et pourquoi, affirme-t-il que l’Islam a combattu Koreich
avec ses propres armes, comme si c’était une réaction !
Qu’est-ce qui nous fait comprendre la véracité d’une telle
vision ?
Après avoir présenté les bases générales des deux ordres,
l’on se contentera ici de présenter une autre idée de Jabri, qui démontre
l’intérêt de dignitaires de Koreich, à la langue du Coran, et leur tentative de
la tenir, dès le début, en tant que langue « sacrée », dans le cadre de la
défense de ce « sacré » dont Jabri n’a pas perçu que les idoles n’étaient
qu’une matérialisation de sa langue; et dont l’arrêt, conduit à l’effondrement
des canaux de perception-imaginative-linguistique, et par là, à l’effondrement
du composant de la communauté même, et non seulement ce qu’elle possède,(alors
que Jabri conçoit que ce que possède l’homme est plus important que son
existence, et ceci c’est son affaire, ou de la sagesse de son marxisme
économiste, que l’on ne regrette pas ! )
:
« et , sans aucun doute, le style du coran, c'est-à-dire sa
composition et son éloquence ont été parmi ce qui a ébloui Koreich, car ils
l’ont trouvé, plus recherchée que la rime des prêtres, la poésie des poètes, et
leur idolâtrie qui occasionna, leurs différends sur la qualification qui s’y
applique. Les livres sur l’exégèse, rapportent que les grands dignitaires de
Koreich se sont réunis chez Oualid Ibn Moghaira, qui était leur plus grand
seigneur, et ont débattu de la qualification, qui convenait sur le coran, et
ont abouti à son affirmation : « le plus plausible, c’est que vous le qualifiez
: de magicien qui a emmené des paroles magiques, avec lesquelles ils sépare la
personne de son père, son frère, son épouse et les siens ».
Jabri n’a saisi ce
qu’affirme Mogheira, que dans la forme, c’est que Koreich a été ébloui en
écoutant le coran, mais comment les dignitaires ont-ils affronté cet
éblouissement ? Ils ont essayé au début « d’adopter » selon les termes de Jabri,
son texte, c'est-à-dire de l’introduire dans l’ordre symbolique dominant et
lorsqu’ils ont échoué Mogheira a divulgué le secret de cet émerveillement du
coran à savoir, que c’est une langue qui sépare entre l’individu de son père…
C'est-à-dire qu’elle menace l’ordre parental dominant et attente aux
noms/divinités de « l’esprit de corps symbolique » et secoue également les
fondements de l’esprit de corps de parenté, mais pourquoi Oualid l’a-t-il
considéré de magie et l’a rejeté alors que son ordre symbolique ne réfute pas
la magie ?
C’est une position dualiste, qui retient le discours dans ce
qui est habituel et le rejette en tant que magie contre sa communauté :{Il a
réfléchi et évalué effectivement (considéré réellement la situation) et a été
tué, comment a-t-il évalué} alors que notre ami n’a ni considéré ni évalué !.
Alors que la seconde présente le modèle coranique révélé
comme modèle qui n’hésite pas sur l’époque c'est-à-dire comme modèle qui ne
peut être absorbé par l’histoire, et cet aspect est très important car il
permet de découvrir la prospection monothéiste authentique du pouvoir et la
révolution qu’introduit cette prospection, dans le champ tribal, dans le sens
prépondérant « la décadence » sur la parenté d’esprit de corps. Si le modèle qui
comprend la loi traditionnelle (chariaa) parait comme un modèle linguistique,
qui n’est pas atteint par l’écoulement du temps, et les changements, et qui ne
se concentre dans aucune partie qui se fonde dans son extérieur ; il infirme,
de prime abord, tout pouvoir ou dominance sur le groupe qui se fonde sur cette
loi.
Il s’en suit que l’idée qui considère la révélation en tant
que moyen qui renforce le pouvoir de la tribu, à travers l’émigration et
l’occupation, c'est-à-dire celle qui explique l’apparition de l’Etat islamique
historiquement, en tant que conséquence nécessaire de la révélation, parait en
tant qu’une vision artificielle imaginaire. Il est nécessaire donc, partant de
cette nouvelle conception du pouvoir de bien concevoir, précisément, ce que la
révélation a engendré de changement, dans le cycle de parenté, et le cycle de
distribution des richesses, ainsi cette
négation de toute authenticité originelle positive du pouvoir, a ouvert une
haute dynamique de grande amplitude, qui a atteint les cycles internes de
distribution dans le groupe, comme elle a atteint la relation avec l’extérieur
ou des relations extérieur/intérieur et aux fondements de formation de cet
intérieur, en partant des changements profonds qui ont touché la logique de la
parenté clanique.
L’esprit de corps parental :
Il nous faudrait tout d’abord procéder à une nouvelle
lecture des transformations parentales,
qu’a connu l’étape de la révélation à Mecque. Est-il vrai que ces
transformations n’aient abouti, comme le perçoit Jabri, qu’à une nouvelle
polarisation de l’esprit de corps
tribal, qui a plongé la révélation, depuis ses premières étapes, au champ de
confrontation clanique, la portant à une réaction, à la politique d’esprit de
corps, séparant ainsi sa tête idéologique (la dévotion) de son corps tribal ? écoutons le :
« Le prophète est ainsi devenu maintenant protégé par ses
proches( Béni Hachem et Béni Muttaleb), malgré qu’ils n’aient pas répondu à son
prêche de la révélation. Cependant, un événement « banal » dont a été victime
le prophète, alors, sera la cause de la proclamation de son oncle Hamza de sa
reconversion à l’Islam, dans le cadre
d’un défi tribal, aux opposants au prêche de la révélation de Mahomet. Il
occura qu'Abou Jahl Makhzoumi : ait croisé le prophète près de Safaa, le
violenta et l’insulta(…) ce qui, rapporté à son oncle Hamza, provoqua sa colère
, allant, en l'état, à la recherche
d’Abi Jahl, qu'il retrouva assit dans un
groupe de Koreich; surmonté, il lui
lança : "qu'il suivait sa religion, et défierait quiconque, qui se
sentirait prêt à l'affronter ? un homme de Béni Makhzoum se leva pour appuyer
Abi Jahl », s’avisa, craignant que l’incident ne tourne en guerre tribale, sans fin. Alors, il se
confonda et interjeta, pour apaiser Abi Jahl : Aba Amara, je jure par dieu que
j’ai insulté son neveu en des termes avilissants. Hamza quitta les lieux
annonçant sa reconversion à l’Islam, incidemment, il le regretta, et resta
hésitant, un certain temps au bout duquel, il se convertit à l’Islam, et alla
en informer le prophète(…) de cela, Jabri ajoute, dans un autre passage :
« La rupture entre Béni Hachem et Koreich dura trois ans,
mais n’était pas totale…Il se trouva des failles « tribales », certains de
leurs parents continuaient à leur apporter la nourriture, conformément à la
charte/pacte obligeant Koreich uniquement, alors que d’autres tribus, faisaient
commerce avec Béni Hachem et Béni Mattaleh, malgré les pressions de Abi Jahl…
».
Nous découvrons, dans le récit de Jabri, de ces événements,
dans ce qu'il rapporte de la vie du prophète, la façon dont il utilisa les
concepts, là la « tribu » avoisine « la croyance » les deux concepts
paraissent se succéder, dans la lampe
magique, alors que la « tribu » supplante «
la croyance » de sorte qu’il ne reste de cette dernière que l’ombre
d’une chose imaginaire…N’était-il pas mieux que Jabri utilisa, par exemple, les
techniques cinématographiques, en vue de voir comment se transmettent les
photos qui se transforment, évolutivement, en d’autres images animées, qui se déroulent
dans le temps ?!
Nous constatons, dans l’époque mecquoise, une dynamique
parentale de rapides transformations , qui précède l’émigration ou conditionne
son occurrence : en d’autres termes, la division clanique ne se déroule pas,
selon une logique d’esprit de corps, mais s’insère dans un nouveau mouvement
qui atteint l’ensemble de la formation, qui se construit sur cette logique.
C’est un conflit entre deux logiques et deux champs. Ce qui signifie que
l’appartenance des proches du prophète, à son projet, entraine l’engagement de
ces proches dans un champ qui transforme son champ de vision conceptuel
symbolique.
C’est ce qu’on retient, réellement, de la position de Hamza,
lorsqu’il affronta son protagoniste, il
ne l’a affronté qu’avec une position argumentée qui l’a porté à un champ
conceptuel-linguistique nouveau…Alors que la question de son hésitation, qui
est citée dans le récit d’Ibn hachem, même si elle est véridique, ce qui est
peu probable, elle ne démontre pas la prévalence de la logique tribale, mais la
gestation de la naissance d’une nouvelle logique.
Cette logique apparaitra après l’émigration, à travers le
même mouvement de transition, qui imbrique l’ancien dans le nouveau, et ce dans
le cadre de deux expériences : le pacte de fraternité et la charte du prophète
régissant les relations entre les musulmans de Koreich et les habitants de
Yathreb. Et, il est nécessaire de s’arrêter devant ces deux événements, pour
clarifier les transformations profondes, qui ont frappé la logique parentale
après l’émigration. Le pacte de fraternité entre les émigrants et les
alliés, a non seulement brisé la prédominance de l’esprit de corps,
mais ses fondements et la base de sa logique : la parenté successorale, ce qui
sépara, même si c’est momentanément, la communauté religieuse de l’esprit de
corps d’une façon tranchante, l’on voudra ici passer en revue d’une façon
critique quelques observations formulées par le docteur Radhouane Essaied à ce
sujet :
« Ce qui est clair, c’est que cette tentative, malgré les
différentes causes, que citent les analystes, visait à réaliser l’intégration totale, sur la base
de la religion, entre les musulmans. Le prophète aurait peut-être conçu, à
n’importe quel instant,-poussé par sa hargne contre la tribu et l’esprit de
corps, qui ont entravé l’empressement des gens à se convertir à l’Islam-, la
possibilité de détruire les relations familiales, le clan des proches et la
tribu, et l’édification d’une construction sociale/idéologique complètement
rénovée. La comparaison hâtive entre le livre, précédemment cité, et cette fraternité, confirme leur
contradiction sur les plans de la signification et du contenu. Ce qui aurait
été logique, serait que l’inverse arriva. C'est-à-dire que la fraternité ait devancé historiquement
le livre, mais lorsque son échec s’est avéré,
la révélation du coran l’annulant, le prophète s’est empressé de la
remettre en place pour remplacer
le livre. Ainsi, la question s’est
reposée au cœur des textes coraniques, qui ont considéré les particularités de
la troisième étape sociale, des traditions morales et sociales, dont on ne
devait pas s’en écarter, mais de développer, dans leur contexte historique et
social.
Il se peut que la fraternité ait devancé, historiquement, le
livre, cependant, il n’a pas été démontré son échec et sa contradiction « à la nature de la société » et quelle société
vise-t-il, ici dans le sillage de cette dynamique qui concrétise la résurgence
d’une logique de la collectivité, au lieu de la logique de l’esprit de corps ?)
Mais elle advint, en tant qu’une rupture nécessaire et tranchée, de la logique
de parenté de succession, qui prépare l’apparition de la nouvelle logique de
parenté, qui revient à embrasser cette parenté de succession, mais adaptée et
vaincue, dans le cadre des lois de l’héritage, par le rapprochement familial,
de façon que la femme est devenue présente, en tant qu’héritière non seulement,
par autrui, mais personnellement , également, à travers les ayants droits.
Et, il était naturel que ces transformations touchent le
registre de parenté, le plus influant et le plus profond, dans la société
primitive, le champ de parenté émotif qui se forme par la lutte et les
équilibres provisoires, et , de ce point de
vue, il n’est pas possible que naisse la nation(omma) « la nation qui réponde à la révélation » en
tant que cadre qui serait supérieur aux esprits de corps, sans quitter le
principe de cet esprit de corps, comme il plait à Jébri de le définir.
« le concept de nation(omma) » dépasse « la tribu » et lui est supérieur, alors qu’il
ne l’élimine pas, car la formation de la nation ne pose pas comme condition
préalable la disparition « de la tribu » : ainsi, comme la « nation » se forme
de musulmans, en tant que personnes solidaires, rien n’empêche qu’ils restent
attachés à « la tribu » en tant que cadre social interne, ce qui advint
effectivement.
« La nation » de la révélation mahométane dont « la charte du
prophète « constituait l’acte de sa
naissance officiel, et en même temps son ordre interne, se formait dès le début
de groupes tribaux : les émigrés de Koreich(une tribu) et les partisans(ançars)
qui sont les tribus que « la charte » insiste à citer nommément, comme elle se
préoccupa à citer les tribus juives, la deuxième partie du contrat…
Elle est éloquente cette référence de Jabri : Koreich « une
tribu » !qui n’était pas présente à Médine en tant qu’esprit de corps, mais que
Jabri n’affirme pas, à la lumière de la lampe magique….
En réalité, cette présence de nouveau de la tribu, n’est pas
une présence en tant qu’esprit de corps, mais c’est une présence nouvelle de la
parenté successorale, dans la composition de la parenté islamique. C’est une
présence qui n’a eu de cesse de réagir à la logique monothéiste, avec les
formations primitives, d’une façon positive, qui ne conduit pas à sa
destruction, mais à trier ses éléments en transformant son édifice et ses
significations-(et c’est ce qui nous laisse pondérer, en ce qui concerne les
dynamiques de mutation, lors de la révélation, la deuxième explication, citée
précédemment, qui affirme l’attraction des édifices primaires, en rapport avec
ce que Ibn Khaldoun dénomme « la décadence », ou modèle linguistique coranique
révélé, et qui ne peut se muer en transformations historiques
spécifiques-c'est-à-dire que ce qui se détruit ici ce n’est pas la parenté
successorale, mais la logique de l’esprit de corps, qui l’utilise pour
enraciner la communauté, en la liant aux premiers pères, en glorifiant la
coutume des morts(les premiers pères) sur les vivants, éliminant l’accumulation
sociale temporelle, et non seulement les changements sociaux, être une mesure
de l’approfondissement et de la concentration de ce qui est constant de règles,
et non seulement de son changement.
Alors que l’affirmation que la présence juive, en tant que
partie de la nation, démontre sa nature politique dominante, c'est-à-dire sur
la forme idéologique « de la croyance » occulte, encore une fois, la dynamique
monothéiste globale. Et ce, comme l’inclusion des juifs, et leur attraction à
l’intérieur de la nation, démontre ce que comporte le monothéisme, dans sa
formulation islamique complète de capacité à traiter « l’autre » et de le
rencontrer à des niveaux différents, à condition que ça n’aboutisse pas à atteindre
la logique générale de (l’islam), et sans atteinte à la logique de « l’autre »
sauf pour ce qui est déstabilisateur. Nous
savons la forme de la critique, qu’on pourrait porter à cette théorie,
tenant compte qu’elle prend, comme point
de départ de base, la considération de l’infériorité de l’autre, alors que
cette considération reste dubitative, car ce déséquilibre est ici exactement,
ce qui fait de la communauté une origine en soi, et une mesure de cette
particularité, des autres. C’est un déséquilibre qui peut toucher la communauté
musulmane même, car ce qui est important ici n’est pas la prévalence des
communautés, mais son appartenance à une racine qu’il n’est pas donné à une communauté de l’assimiler, la contenir
et à laquelle elle va se comparer.
De là nous comprenons pourquoi la révélation de sourate «
vous êtes sauf » (acquittés) baràa seulement après que les tribus juives se
sont transformées en moyen de déstabilisation, à l’intérieur du champ du
monothéisme nouveau.
Il est à signaler ici que cette ouverture sur « l’autre » a
été interprétée, généralement, par les orientalistes, de mauvaise intention,
car, au lieu de la comprendre en tant que changement réel de la logique des
frontières « de l’esprit de corps, qui sépare entre l’intérieur et l’extérieur
: « le moi » et « l’autre »(là ou « autrui » devient l’autre), elle a été
considérée en tant qu’action politique « opportuniste » qui fait fi des
valeurs, comme si un tel comportement était possible dans n’importe quelle
action institutionnelle, qui se fonde sur les normes religieuses !.
En réalité, l’on ne peut comprendre ce changement, qui frappe
la perception du groupe, de ses limites, et son mode de comportement, avec «
l’autre », uniquement en le rapportant au changement du concept d’origine, sur
lequel se forme cette communauté. Pourquoi l’origine devient-elle inclusive de
la communauté, dans un cadre qui lui est transcendant, comme il a été
précédemment souligné ? Car la fixation de l’origine dans un modèle
linguistique miraculeux éloquent, qui ne se reproduit pas, dans le temps, et
que la communauté ne peut concevoir, ou s’y comparer, sauf si elle s’aventure
pour s’exposer à la consommation de l’énergie propre de parenté et économique
[c’est ce qui adviendra réellement à l’esprit de corps-dans un Etat tyrannique
historique comme on le verra ci-après] qui affrontera directement l’origine
successorale-clanique, qui se trouve derrière la tradition des premiers pères,
et qui trace à la communauté les frontières définitives, dans le champ de parenté
qui attirera à travers « son adaptation », à l’origine et le rendra évident,
pour les variétés naturelles(classées par l’ordre totémique ou se reflète la
parenté sur la toile des variétés naturelles et s’éloignera de la
classification de la signification linguistique qui démontre et éclaire).
Le butin et le cycle d’enrichissement
De ce qui précède , il nous sera difficile de relever le
niveau économique, c'est-à-dire ce que Jabri appelle « le butin », qu’à travers
l’esprit unificateur qui préside à Médine. L’esprit de butin est conditionné
par deux déterminants :
La fixation de la communauté de sa relation avec l’extérieur,
et sa capacité à maitriser le champ du pouvoir à l’intérieur et la façon de le
conduire.
Nous avons vu que le concept de nation(omma) n’exclut pas
l’appartenance des non musulmans et leur statut de citoyenneté, pacifiquement,
car le principe c’est la communication avec le « différent », avec « l’autre »,
et, l’on remarquera, en conséquence, pourquoi cette confrontation avec cet « autre », reste régie par cette racine
d’origine inaugurale.
C’est ce qui est démontré, à travers même des jugements
rendus doctrinairement, appliqués, après l’époque du prophète. Abou Abid El
Kacem Ibn Sallem rapporte dans son livre « les finances »(الأموال) de Abbed Ibn Aouam, de Hacin Ibn Abderrahmen,
de Abdallah Ibn Chaddad que le prophète, dans une lettre qu’il adressa à
Hercule le souverain de Rome : je vous invite à te convertir à l’Islam, si tu y
adhères, tu seras considéré musulman et tu seras tenu par les droits et devoirs
qui leurs sont appliqués.
Si tu n’adhères pas à l’Islam, tu seras astreint à payer la
dîme. Dieu dispose dans le Coran : { combattez ceux qui ne croiraient pas en
dieu et à la résurrection, et ne s’astreignent pas de ce qu’il a interdit, et
ne suivent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le livre de la
révélation, jusqu’à ce qu’ils paient la dîme d’une main et demeurent humbles}.
Sinon n’interpose pas entre les agriculteurs et l’Islam : qu’ils y adhèrent ou
paient la dîme. Ibn Sallem explique que le terme d’agriculteurs n’est pas
spécifiquement restreignant, mais qu’il concerne tous les habitants de son royaume. C’est que les perses, pour les
arabes, sont tous des agriculteurs.
Cette explication nous ramène aux édits doctrinaux qui
varient pendant la période d’élargissement géographique du cadre national. Si
les agriculteurs sont, pour les arabes, les perses, l’islam fait la part, après
la défaite de Byzance, entre les perses
et les agriculteurs, en détruisant l’Etat « perse » et en annexant les
agriculteurs, qu’il assimile dans son intérieur.
Cette relation entre l’intérieur(les musulmans) et
l’extérieur (les polythéistes ) est de prime abord une relation de violence
entre les musulmans et les gens de la guerre. Cependant cette violence reste
limitée, figée dans le cadre de formulations doctrinales, qui le constate et ne
le cache guère.
Celles-ci stipuleront sur les cas de dépossession par la
force et les situations qui justifient son occurrence, et fixent la question du
butin et son cadre juridique et les règles coutumières de sa distribution. La
violence ne se détache pas de la cadence
d’unification générale avec ce qui la précède originellement, avant son
occurrence.
L’esprit unificateur nous clarifie ici la résorption
progressive de cette violence. C'est-à-dire, la façon de passer de l’Etat de
guerre à l’Etat de l’Islam. Cette mutation se passe dans la continuité
temporelle qui ne sépare pas entre le passé et le présent, n’est pas édifiée
sur des dogmes dualistes contradictoires qui ne se croisent pas. Cette
continuité nous laisse présager une notion qui intègre l’extérieur dans un
domaine doctrinaire unifié. C'est-à-dire qu’elle ne le rejette pas, et ne le
laisse pas dans un cadre sur lequel elle exercera continuellement sa violence.
La transformation progressive de la violence en ordre et sa
suppression en unifiant l’extérieur et l’intérieur est une question très
importante pour comprendre l’opposition entre la logique islamique unificatrice
et la logique du modèle grecque. Cette continuité, dans le temps, démontre à
travers deux séries et dénominations doctrinaires : la première délimite les
situations par étapes, à travers lesquelles se transforment les non croyants en
musulmans : les polythéistes-les gens de guerre- des gens protégés par
serments-les monothéistes chrétiens et juifs- les musulmans.
A propos du paiement de la dîme Maouardi indique : « …la dîme
n’est redevable que (pour les gens réconciliés), une seule fois par an…et celui
qui se convertit à l’Islam reste redevable de la dîme jusqu’à son
acquittement, alors que Abou Hanifa voit
sa suspension à sa reconversion ou sa mort…Ceux qui sont sous serment, s’ils se
rendent en terre d’Islam, ils seront protégés pour leur personne et leurs
biens, et peuvent résider quatre mois sans payer la dîme, ils ne peuvent
résider pendant une année qu’en payant la dîme, et entre ces deux termes les
avis différents, et ils ne peuvent être attaqués, comme les monothéistes, mais
l’on n’est pas astreint à les défendre comme les monothéistes »
Le moteur du changement se trouve, qu’à la place de la
violence de la guerre, ils bénéficient des avantages légaux, à travers des
équilibres complexes : les gens bénéficiant de la protection par serment ne
paient pas la dîme comme les monothéistes, cependant ils bénéficient d’un sauf
conduite et non de la protection…Il se peut que les accords de paix stipulent,
pour les monothéistes des conditions qui les avantagent sur les musulmans, mais
qui ne s’appliquent pas aux gens bénéficiant de la protection par serment,
c'est-à-dire la violence directe, ne
s’arrête que pour une période, même s’ils ne sont pas les initiateurs. Et c’est
ce qui n’advient pas aux monothéistes. C'est-à-dire qu'au renoncement à l’usage
direct de la violence, contre les monothéistes, les plus proches de l’islam, se
trouve, en parallèle la protection, d’une part, et la pression pour qu'ils
intégrent l’Islam.
Alors que la deuxième série, elle clarifie le passage des
musulmans de l’adoption de l’islam à la participation à sa propagation, qui
relance la première série de transformations et assure sa continuité dans le
temps : les nomades musulmans-les émigrants-les combattants. Cette mutation
apparait à travers les choix progressifs que présente la parole noble du
prophète, qu’il délimite à l’ennemi, avant la guerre et à travers le prêche
pour convaincre à rejoindre l’islam :
« Envahissez au nom de Dieu, faites la guerre, pour la cause
de Dieu, aux mécréants, ne commettez pas d’excès, ne tuez pas un nouveau né. Si
tu affrontes ton ennemi parmi les polythéistes, invitez les à l’une des trois
qualités ou qualifications, et n’importe laquelle ils acceptent, tu retiendras
et cesseras ton hostilité ; puis invite les à rejoindre l’état d’émigrés, et ils
devront, à ce titre, ce que doivent les émigrés. Et porte à leur
connaissance que s’ils y adhèrent, ils auront ce qu’ont les émigrés et devront
ce que doivent les émigrés. S’ils refusent de passer à l’état d’émigré, ils
seront considérés comme les nomades parmi les musulmans, ils seront régis par
la loi de Dieu qui s’applique aux musulmans, et n’auront aucun droit sur le
butin et les acquis en offrandes des colonies, sauf s’ils combattent, avec les
musulmans, s’ils refusent invite les , s’ils répondent accepte d’eux et épargne
les de tes hostilités, mais s’ils persistent à refuser, Dieu te soutient pour
les combattre ».
Ce qui est évident c’est que le partage de la richesse, des
biens saisis et du butin est en rapport à la participation au combat qui
constitue le ciment entre les deux séries, qui relie entr’elles. Cette
succession continue trace la logique de la construction économique et démontre
le transfert de la richesse de l’extérieur de la nation vers son intérieur
comme un transport qui s’harmonise avec la logique de l’adhésion des gens à
l’islam.
Ces deux séries s’entrecoupent selon la succession, ci-après
: état de guerre/état de serment/état de conciliation/état d’islam. Ces états
se suivent et s’imbriquent, la doctrine ne s’accorde pas sur les limites entre
ces différents états. Ce différend indiquerait, peut-être, que les explications
doctrinales sont en harmonie, chacune, avec l’étape du cycle de transformation.
Et la doctrine, dans ce sens, ne prononce pas des appréciations figées de
catégorisation, qui se basent sur une logique binaire -d’opposition, qui coupe
l’homme de son passé ; esclaves/hommes libres ; intérieur/extérieur ;
civilisation/ barbarie…ce qui représente la logique marxiste qui advint après
et que Jabri adopte ici.
Naturellement, ce modèle qui repose sur la distribution de la
richesse et du pouvoir à « l’intérieur » sur la base d’une logique de transfert
intégrante, n’exclut pas l’occurrence « de ces manifestations de la faiblesse
humaine(qui) apparait à l’occasion du butin à Hounain, chose naturelle,
complètement, dans une société qui n’a pas dépassé le temps nécessaire à
l’absorption des aspects négatifs de la guerre… »
Bien que ces manifestations ne justifient guère l’analyse de
Jabri, comme elle ne justifie pas son interprétation de la confrontation entre
l’ordre d’unification parachevé et l’ordre polythéiste, à travers « la croyance
» et « la tribu » et la croyance ces
marionnettes imaginaires qu’aucun (ne relie)lie et qui apparaissent et
s’éclipsent, comme dans un théâtre de marionnettes.
Oui, le modèle institutionnel
de Médine s’est ouvert sur l’histoire, d’une façon précoce, après le
décès du prophète. Et il a semblé que le courant de l’esprit de corps est
passé, à cette période historique, et s’infiltra, dans sa cadence, dès les
premières secondes, bien que cela ne signifia, jamais, que l’étape du prêche de
la révélation et l’institution du modèle n’était qu’un passage de l’esprit de
corps à l’état historique. C'est-à-dire de sa personnalité à sa personnalité évoluée
ou amplifiée, plutôt l’apparition de l’esprit de corps de nouveau dans
l’histoire de l’islam, bénéficiant d’une particularité dans la logique
l’unification même, qui ne permet pas la destruction des anciennes formations
définitivement. Il s’ensuit que la logique sociologique, qui prévalait avant la révélation resta,
résistant au nouveau, essayant de reprendre sa dominance ; cependant, ce qui
advint, ne permet pas d’affirmer que l’islam a porté à la formation de l’esprit
de corps un coup, qui a dévoilé son instabilité, et lui a fait perdre toute
souplesse qui lui permet de se pérenniser ou de persévérer ou de s’acclimater,
pour préserver le fonds de son ordre interne, qui se trouve de conserver les
équilibres temporaires qui imbriquent les belligérances et la coexistence. Le
composant tribal s’est détaché et apparu sans tête, l’obligeant à emprunter la
langue islamique et de la défigurer, lui imprimant une expression qui lui donna
une identité acceptable. Et il a essayé, dans ce dessein, de transformer
l’islam en une croyance, détachée des niveaux de présence humaine, divisant les
significations coraniques, brisant la mesure des psaumes et les sujets enchevêtrés, entreprenant
d’enraciner cette logique conformément à des fondements qu’elle ne comprend
pas, a-t-il réussi à comprendre l’islam ? a-t-il réussi à lui faire retrouver
sa cohésion ?
La deuxième lecture d’Ibn Khaldoun nous a ouvert la
possibilité de répondre à ces questions complexes : car, il apparait que la
logique de l’esprit de corps est restée en crise, qu’il n’a jamais dépassée.
Pour quelle raison l’esprit de corps apparait-il « se dégager » c'est-à-dire
qu’il secoue l’équilibre de la notion puis se transforme en force négative
destructrice, pour s’effondrer par la suite ? Une grande réserve d’énergie
parentale(la cohésion, la passion, et le nombre) ont été dépensés pour engager
la société dans une périodicité cyclique, qui ne le conduit qu’à sa
décomposition et la décadence… Quel est le secret de la prévalence « de la
corruption de la formation » sur « la formation » même ? L’état, basé sur
l’esprit de corps, a fourni des efforts extraordinaires en vue d’adapter la
révélation, et d’assimiler l’origine coranique, s’appuyant sur toutes les
techniques de la linguistique, et tous ses courants, sans succès. Il échoua à
transformer la nation en source d’énergie, qu’il consomma, lui permettant de se
passer de s’auto consommer et d’épuiser son énergie parentale, il demeura
obligé à utiliser sa propre énergie pour maitriser la nation, maitrise qui nécessite
un effort perpétuel et « une énergie d’esprit de corps » énorme, et il ne s’est
pas transformé pendant l’époque ottomane en institution qui s’entoure de
rideaux protecteurs : l’administration, l’armée, les nouveaux fantassins et
toutes les formations militaires sauf en contre partie d’un prix exorbitant ;
les règles de renforcement de sa puissance, et l’extermination des enfants de
ses sultans !...
Jabri affirme au sujet de la sagesse de Mouaouia : « Ali Ibn Abi Taleb était au début le symbole,
pour ceux qui revendiquaient « la justice » mais les gens ne comprennent pas
toujours de la « justice » la même chose. La majorité de ses adeptes
comprenaient que la justice était « de se dépenser à donner » quant à lui, il voulut
rester fidèle à la « justice » véridique, devant laquelle s’éclipse
toute autre considération, Ali a échoué, et il était inévitable, qu’il échoua
car « le consensus nécessaire » qui
était essentiel, alors, en tant que « facteur déterminant et qui tranche,
c’était de pondérer entre « le butin », « la tribu » et la « croyance. Maouia «
réussit sur cette question… »
Ainsi, banalement la justice de Ali se transforme en chimère,
dans la lampe magique de Jabri, et Mouaouia parait comme la lampe magique même,
qui rend les « cigognes » marionnettes, dont Jabri nous occupe en jouant de
leurs ombres, tout au long des pages de son livre, pour qu’il nous dévoile son
dessein, dans ses conclusions : nous devons porter l’accoutrement de la
démocratie occidentale : caractéristique de l’ère moderne.
C’était là quelques lignes dans la critique des principes de
compréhension de Jabri de l’esprit de corps, et son rôle dans l’histoire. Il
reste à parachever la question par la compréhension du déséquilibre, qu’il découvre, en étudiant la question
politique moderne. C’est là le fruit de l’occultation, du concept de
nation(omma). Ce qui nécessitera une autre étude.
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