La pensée politique arabe
de Mohamed
Abed Jabri (suite 2)
Une lecture critique Nadhir Jahel. traduction de la langue
arabe.
Primo :
« la tribu » de Jabri et le clanisme(asabiya) khaldounien.
Quelle
relation lie « la tribu » de Jabri et le clanisme en tant que
fondement de la doctrine khaldounienne :
« Par tribu, on entend le rôle qu’attribuent les
anthropologues occidentaux à la « parenté » dans l’étude des sociétés
« primitives » et les sociétés précapitalistes, et d’une façon
générale ce qu’Ibn Khaldoun qualifie de « clanisme » (asabiya) dans l’étude
« des caractéristiques de la civilisation » dans l’expérience « arabo-islamique »,
jusqu’à son époque, et que l’on désigne de nos jours de « clanisme », lorsqu’on parle d’une forme de gouvernement ou d’une pratique politique ou sociale qui se base « sur
les proches » très proches et éloignés, au lieu de compter sur les
compétences et l’expérience, qui jouissent de la confiance des gens et de leur
respect ou qui ont une certaine représentativité démocratique libre.
L’on ne prend pas en compte uniquement les proches consanguins
réels ou imaginaires, mais également les proches, dans le sens de portée
affective de clan, comme d’appartenance à une ville, une région, une secte ou un
parti politique, lorsque cette appartenance distingue uniquement « le moi »
de « l’autre » dans le domaine politique.
Comment peut-on croire que le degré de parenté ait joué dans
toutes « les sociétés primitives », et les sociétés précapitalistes
(l’on ne sait pourquoi Jabri mettrait cette dernière entre parenthèses. Est-ce que ce concept est ici plus précis que les sociétés
primitives ?!). Ce que l’appartenance a joué dans l’expérience islamique,
jusqu’à son époque, ou ce qu’on désigne de nos jours « clanisme »,
(est-ce que l’on ne peut concevoir ce qu’il est précisément) son rôle….
Comment peut-on croire qu’un chercheur qui prétend libérer l’esprit
politique arabe des « barrières du savoir idéologique » ne s’empêcherait-il
pas de placer tout ce qu’a connu l’histoire de l’humanité de formes sociales
« depuis « le déluge » ou avant dans une même classification :
les sociétés précapitalistes. Que signifie cette expression, dans ce cas, si ce
n’est « l’autre » le non Européen et quelle est la conclusion que
souhaiterait tirer Jabri de tout celà, autre que la « déification» de cet
Européen dont il nous invite, à la fin de son ouvrage, à appartenir à sa
démocratie, annonçant l’échec de l’expérience islamique et le déclin historique
de l’islam, comme s’il appartenait à l’individu de changer son appartenance,
comme il changerait sa politique ou comme si l’occident « saisirait »
une pareille confidence de l’infériorité, qui justifierait la revendication d’intellectuels
comme Jabri de leur appartenance à sa civilisation.
L’on est en droit de nous interroger, comment la parenté
serait-elle une donnée anthropologique convenue, dans les sociétés primitives ?
Quand-est-ce que les anthropologues ont-ils été unanimes pour affirmer que la
tribu constitue le noyau de la paternité originaire et dominante dans les
sociétés primitives ? Et, puis le différend profond, qui perdure jusqu’à
présent, sur le degré d’authenticité prononcé entre la tribu ou le noyau
familial, et malgré l’essai de sa solution par Strauss à travers l’atome du
rapprochement, ne démontre-t-il pas la querelle qui subsiste entre le degré de
parenté biologique et le rapprochement basé sur les échanges qui repose sur l’équilibre ?...
L’on reviendra sur cette question, dans notre présentation des transformations
qui sont advenues sur les normes du rapprochement sous l’éclairage qui se propage
de la logique de l’unicité islamique.
Par ailleurs, est-il vrai, que ces savants sont unanimes pour
considérer que le recours aux compétences, est en contradiction constante du
recours aux proches et que les tribus n’ont jamais connu la libre
représentativité ? Jabri n’a-t-il pas lu les écrits de Pierre Clastres et
de Michel Gaucher, nonobstant son degré de véracité ?. La vérité c’est que
Jabri nous force à ignorer tout dialogue réel avec la pensée occidentale ou « orientale »
qui nous permet par son truchement d’apprendre, car les notions ici restent
floues.. Tous les chats pendant la nuit sont noirs et les eaux basses, continuer
à avancer en pataugeant dans la boue est pénible mais doit-on poursuivre notre
voie ?!.
Nous sommes devant un concept élastique : « la
tribu » (entre guillemets), un concept qu’on peut charger de n’importe
quelle portée, que peut enjamber Jabri pour naviguer à travers les étapes de l’histoire
arabe : l’époque préislamique s’est caractérisée par la prédominance « de
la tribu » de même que la Oumma, pendant la propagation du message de l’islam,
malgré la force « de la croyance » elle ne s’est formée qu’en tant
que cadre qui unit les tribus même si ce cadre la dépasse de quel détail ?
on l’ignore)
Sans compter les autres étapes et le nouveau clanisme actuel
conséquence « du retour du refoulé » est très beau, comme si le
refoulé ne comprenait pas dans la conception freudienne, les penchants
intériorisés du subconscient le plus proche de la nature ou, du moins, ne
serait pas conservé dans la partie du subconscient ou il s’y confond avec ce
qui le rapprocherait de l’instinct.
De ce fait il est
nécessaire à l’homme de dépenser une
énergie psychologique énorme pour la refouler…Est-ce ceci ce qu’entend Jabri :
à savoir que « le clanisme » et le « fanatisme religieux »
ne peuvent être retirés de la nature de l’Arabe ? le musulman ?...Est-ce
là une proposition pour se départir de son identité ou de prêter allégeance….Pour qui ?
ces idées n’amenuisent-elles pas le niveau de la concertation et n'appauvrirait-elle pas l’existence
même de l’homme interlocuteur ?... Doit-on poursuivre le discours ?
Nous avons espéré que l’ouvrage soit une occasion propice
pour une nouvelle lecture de l’exégèse d’Ibn Khaldoun et de l’histoire de l’Islam
qui dévoilerait et éclairerait. Et nous voilà devant ce mauvais texte qui nous
fait tomber et nous mèner à discuter la forme et la signification des concepts…Mais
essayons, malgré cela, et avant de passer directement à Ibn Khaldoun, en vue de
critiquer le concept de « clanisme », d’utiliser, une dernière fois, le miroir de
Jabri, à travers le suivi de ses idées « khaldouniennes », qu’on
suppose soutenable et claire. C'est-à-dire
de nous confronter à l’homme sur ses points de force, c'est-à-dire de passer au
lien avant de nous tenir aux définitions rapides contenues dans « la
pensée politique arabe » et son livre « sectarisme et Etat »
dans lequel nous retrouvons une analyse approfondie du concept de sectarisme.
Que propose Jabri ici ? ci-après une partie de ce qu’il affirme :
« la base du tribalisme, c’est la disposition naturelle,
théorique, qui pousse l’individu à soutenir son proche consanguin, de le défendre et le soutenir et cette tendance est naturelle dans le genre humain depuis sa
création ».
« Ce que Dieu a placé dans le cœur de sa créature de compassion
et d’engagement, pour défendre leurs congénitaires, et leurs proches, sont ancrées dans la nature humaine, et permettent la solidarité et l'identification, ce qui amplifie leur crainte par l’ennemi »
.
La question se trouve ici une question de « caractère »
ou « de nature humaine » et le clanisme(asabiya) sous cette considération
est une manifestation sociale naturelle, dans l'acception qu'elle accompagne la sociabilité humaine liée à la « nature » à l’objet, elle est ainsi une des manifestations identitaires de
la vie en société »
Il est clair que les définitions khaldouniennes, du clanisme,
dont se suffit ici Jabri, ne dépassent guère des définitions descriptives,
introductives qu’Ibn Khaldoun essaye, à travers celles-ci, de démontrer que le
clanisme est une donnée naturelle, en vue de la rendre un principe de la
sociabilité et de la politique, qu’il utilise pour défendre le pouvoir basé sur
la force. Ce qui ne permet pas, réellement, de considérer le clanisme en tant
que manifestation sociale « naturelle » ou, que cette considération,
fait perdre au concept sa signification et occulte ce que le texte d’Ibn
Khaldoun comprend de définition précise. Quelle est cette définition
khaldounienne précise du clanisme.
Ecoutons Ibn Khaldoun :
« Comme la vie en société et le clanisme sont, dans le
constitué comme un composant, ainsi que le composant de celui en constitution, il ne serait pas utile si ses éléments se neutralisent, il est nécessaire la dominance d’un
élément conditionnant sa formation. Le
secret de la conditionnalité, de la prédominance dans le clanisme, et de la
nécessité de la conservation de la présidence dans la partie à laquelle elle
revient, comme on l’a conclu » quel est ce en formation dont parle Ibn
Khaldoun et dont le clanisme forme le composant ?
Secundo : critique du concept de clanisme chez Ibn
Khaldoun :
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