La pensée politique arabe
de Mohamed
Abed Jabri (suite 3)
Une lecture critique Nadhir Jahel. traduction de la langue
arabe.
Revue Exégèse (IJTIHAD) N° 15/16 printemps été 1992
.Secundo : critique du concept de clanisme chez Ibn Khaldoun :
.Secundo : critique du concept de clanisme chez Ibn Khaldoun :
L’intérêt essentiel
d’Ibn Khaldoun, par la définition du concept de l’esprit de corps (asabiya), se trouve l’affirmation du pouvoir dominant, basé sur la force. Ce point de
départ paraît naturel pour deux considérations :
La première : partir de la tradition bédouine,
La seconde : le principe général, dans ce milieu, se
base sur la légalité de la force au lieu de la force de la loi.
Ce qui implique que la force se trouve au centre de la
formation de l’esprit de corps en général.
Deux questions subséquentes :
-
Est-ce que l’esprit de corps est réellement le
composant, qui constitue la toile de fond des relations de parenté, dans la
presqu’Ile arabique au temps de la révélation ?,
-
Et, si la question se présente sous cet aspect :
comment peut-on définir cette formation sociale spéciale, dont l’esprit de
corps en constitue la composante ?.
Le concept de domination pour Ibn Khaldoun est très
important, et nous permet à travers les études disponibles, et les recherches
réalisées, de découvrir le degré de véracité du concept d’engagement de
l’esprit de corps, et son acuité en tant que « révélateur ».
Il est nécessaire, en vue de concevoir cette signification,
de se représenter le constituant parenté, en partant d’un champ formé de
réseaux de parenté(relations de parenté, d’alliances), complexe, enchevêtré,
que signifierait la domination dans ce milieu ? Celle-ci implique
l’émergence d’un ou de (plusieurs) éléments, se transformant en pôles
d’attraction , qui portent la parenté, d’un moyen par lequel l’homme
détermine sa position(proche, éloigné) des autres, et d’un registre dont on se
servirait pour établir les liaisons dans un rassemblement, à un
registre /origine qui mesure les relations et les positions, et se
transforme en base de calcul de référence.
Dans ce sens, la parenté authentique ouvre une dynamique qui
se base sur la concentration de la force, et son ancrage propre lui permettant
de fixer ses racines dans la nature, à travers la souveraineté et l’échelle
d’alliances qui porte l’origine de parenté, au stade de genre, d’espèces
naturelles, qui se multiplient.
Cependant, cette forme de croissance, cette prédominance, de
ces pôles d’attraction, se caractérise chez Ibn Khaldoun en tant que phénomènes
temporaires et événementiels d’une situation antérieure ; Quelle est cette
situation ? Suivons attentivement ce
qu’il affirme :
« L’origine de toute honorabilité est extérieur,
c'est-à-dire qu’elle émane d’une présidence et d’un honneur qui la qualifie, et
son contraire, l’absence d’appartenance, signifie que toute honorabilité et appartenance, n’existait pas avant son
occurrence, comme c’est le cas pour tout
événement.
La fin du lien
intervient à la quatrième génération, qui déviera de la voie de ses prédécesseurs, en tout, et
perd la continuité, comme l’on découvrira de la considération des relations
entre les hommes, dont on ne sait ni comment ni la cause de son occurrence, en
imaginant que c’est le lien de parenté seulement qui l’impose, alors, celle-ci
s’en éloigne et ne percevrait que son mérite
sur son clan, confiante en son éducation à les suivre, en ignorant ce
qui a nécessité cette relation d’appartenance… ».
Le cycle de succession entre les clans est en rapport avec
cette « extériorité », qui se trouve de quitter l’honorabilité à la
décadence, qui accompagne le passage de l’honorabilité d’un clan à un
autre….C’est ce qu’on retient d’une première lecture du texte, mais si l’on
examine attentivement sa signification ; l’on découvrira que cette
situation d’instabilité, cette domination, qui ne cesse de se battre, dans un
champ de forces qui s’affrontent, et qui ne peut atteindre qu’un équilibre
momentané « implique que toute honorabilité, est précédée par son
absence ».
Il apparaît ainsi, si l’on cerne tout honneur …et son
absence, compte tenu qu’à l’origine, il n’existe aucun lien de parenté, en
l’absence d’une concentration de la force, il en découle que cette
concentration n’est que provisoire, et ne comprend pas les causes de son
renforcement ou de sa formation, enraciné et constant, dans une partie …..
Si la condition de tout honneur initial se trouve extérieure
à tout honneur ; ceci signifie que la tendance générale, à laquelle est
soumis l’esprit de corps en formation, se trouve la corruption. Il n’apparait
pas que l’explication générale donnée par Ibn Khaldoun de cet état de
corruption, qu’il impute à l’ordre de la création, convaincant, mais parait une
forme de subterfuge et d’un maquillage, par le recours à la philosophie
aristotélicienne, en vue de cacher un examen critique, des fondements de la
puissance dominante, s’infiltre, dans la même démarche, par laquelle Ibn
Khaldoun fonde sa légitimité.
Le fondement ou la base se trouve, ici, dans la décomposition
de l’esprit de corps, en formation basé sur la domination ; de même que
cette domination parait comme un ordre provisoire à l’intérieur de la tribu,
ordre qui ne porte pas à un clivage, qui ne tranche pas nettement entre
gouvernant et gouverné. Ce fondement, cet enracinement ne se mue pas en règle,
mais demeure passif, formant une barrière sur laquelle s’encastre la mouvance de concentration. Ce qui fait que
l’esprit de corps dépense une énorme énergie et consomme les relations de
parenté (comme on le verra ci-après,
Cette représentation, qui nous parait proche de la logique de
la société tribale, pose deux questions :
La première question :
Se rapporte au modèle de cette vie en société, c'est-à-dire
sa composition, que l’on ne peut comprendre qu’à travers la façon dont il se
forme pour son époque, sa situation géographique et sa langue, compte tenu que
le degré de parenté bien qu’il soit ici l’origine essentiel de la force, dans
l’activité du groupe, elle ne fait pas des autres positions la portée de son
ombre.
Il est erroné, totalement, de croire qu’on puisse découvrir
la logique de la formation générale, en commençant par tirer le principe de
l’esprit de corps, au niveau de la parenté, puis de comprendre les autres
niveaux comme la religion et l’économie…en les rapportant à ce principe perdu
dans les dédales d’un labyrinthe, et les imaginations du type de la composition
des éléments politiques et économiques, puis de les décomposer et de pondérer
l’économique…Car l’important reste ici la formation générale, ce qui implique
la nécessité de fixer les règles qui font qu’un composant se trouve dans ses
niveaux d’échelle réelle, ou même estimative (dans un premier stade d’analyse), en créations différentes mais qui s’assemblent,
dans un seul principe, qui donne à cet élément ou à cette donnée son
identité :
Lorsque l’esprit de corps, se trouve un composant du groupe
en formation, son principe doit se
trouver( et les règles auquelles il se soumet) dans des formes ou créatures
différentes aux niveaux de la langue, la religion et l’économie…et au niveau des
liaisons qui les relient entre-elles,
mais cependant ces créatures ou ces formes nous permettent de déceler ces
niveaux et de les fixer même de façon
approximative.
Nous devons, ainsi, essayer de représenter cette formation, partant de l’esprit de corps, non en tant que niveau, mais en tant que début, comme composant. D’où peut-on procéder ?.
Il apparait de ce qui précède, qu’il est nécessaire, de faire
« éclater » les limites du concept d’esprit de corps, en tant que
concept réservé à la parenté, en vue d’atteindre le concept du composé
tribal « primitif » général, de faire éclater ses
frontières, en vue d’expliciter ce qui se passe , au niveau de la parenté,
pour comprendre sa formation en général.
Que se passe-t-il au niveau du lien familial ?;
Ce que nous observons ici, l’émergence d’unités de parenté, qui concentrent la puissance, en consommant, pour cela, l’énergie des autres
unités, transformant la parenté d’une langue de signaux, qu’on utilise pour
observer les lignes de liaison, et les points de rapprochement ou d’éloignement
entre les personnes, et d’une technique pour fixer la périodicité naturelle de succession
des générations, dans un registre culturel linguistique : des liens de
parenté, à une source d’énergie en s’intéressant à sa liaison à la nature, ce
qui la caractérise en tant que source et centre d’attraction du pouvoir… Cette
transformation de la parenté en une dynamique naturelle, qui ramène l’humain à
la multiplication des genres naturels, est en opposition totale de sa fonction, en tant que langue de signalisation, qui relève
la donnée naturelle pour la classer, dans le milieu social. Et de ce
point de vue conduit au cheminement de sa consommation de l’énergie parentale,
à consommer l’énergie expressive c'est-à-dire à utiliser la langue qui démontre,
en une langue magique, dont les significations se détachent de ses expressions.
Et l’on doit, avant de détailler «ce qui se passe à ces
différents niveaux de parenté, et de langue, puis la richesse et la puissance
politique,- de revenir à cette « extériorité » à la
« décadence ». Que représente cette « décadence », cette
situation dans laquelle l’honneur demeure le centre du pouvoir qui lui est
rattaché ? Ibn Khaldoun qui cherche à ancrer la force, en vue de justifier
le pouvoir basé sur l’extorquassion, le voile au niveau théorique. Mais, si
l’on se réfère de nouveau à l’expression « que tout honneur ou parenté,
son absence lui précède » nous découvrons que c’est une condition
originaire. Une condition équilibrée : quelle est cette
« décadence »?.
Elle a commencé maintenant à se dévoiler, en tant que modèle
de parenté islamique. Elle se retrouve dans la société tribale, qui a dévié du monothéisme
et pénétré ce champ, basé sur la concentration des forces, qui se combattent,
entre leur apparition et leur déclin. C’est une situation qui ne parait pas
marginalisée et défigurée, seulement, à cause de l’émergence de la domination de
l’esprit de corps, en tant que déséquilibre qui la rend « indigence »
et ce, après la transformation de la parenté-langue, en une réserve de parenté, que consomme le pouvoir en vue d’ancrer son identité, et la transforme en source
origine, c'est-à-dire, en une nécessité de création.
Comment cette puissance adapte-t-elle l’esprit de corps, et le mène en vue d’en faire une identité d’origine, et de la parenté ancrée
« indigence », elle s’adapte elle-même dans deux directions, qui
apparaissent clairement, si on les cherche au niveau de la langue :
La première direction mène, à travers la continuité de la
parenté de succession, des espèces naturelles, à la formation des classifications
nominales, à travers lesquelles, se rattachent les ensembles, jusqu’au règne
animal et végétal.
Et, la seconde, reflète les ramifications du champ parental sur les astres, et dont se forment, dans son cheminement, les constellations et les appellations divines, de sorte que « l’esprit de corps symbolique » divin se lie à l’esprit de corps humain, de similitudes et de réflexion en même temps : il a été cité dans l’interprétation de la balance : « citation du coran {Ils imputent à dieu les filles qu’il soit vénéré}Ils prennent les divinités, à l’exception de dieu ou certains dieux, en genre féminin, affirmant que ce sont les filles de dieu. Il est rapporté que les tribus de Khuzaa et de Kanana croyaient : que les anges étaient des filles de dieu.
Et, la seconde, reflète les ramifications du champ parental sur les astres, et dont se forment, dans son cheminement, les constellations et les appellations divines, de sorte que « l’esprit de corps symbolique » divin se lie à l’esprit de corps humain, de similitudes et de réflexion en même temps : il a été cité dans l’interprétation de la balance : « citation du coran {Ils imputent à dieu les filles qu’il soit vénéré}Ils prennent les divinités, à l’exception de dieu ou certains dieux, en genre féminin, affirmant que ce sont les filles de dieu. Il est rapporté que les tribus de Khuzaa et de Kanana croyaient : que les anges étaient des filles de dieu.
Les apostats brahman et bouddhistes et les sabii confirment
l’existence de plusieurs divinités, parmi les anges et les démons, du genre
féminin, et qu’elles sont les filles de dieu. Dans le coran, il est cité {Ils
ont fait des anges, qui sont les créatures du miséricordieux, des femelles}
Zokhrof 19, et d’ajouter, {ils ont érigé, entre dieu et les génies, une parenté }
Safat 158. Certains ont motivé cette féminisation à cause de leur
invisibilité.
Si l’on revoit les idées des idolâtres, malgré leur diversité, et dont on a cité la moitié dans la 10ème partie de ce livre,-on saura que les arabes n’ont rien inventé dans cette croyance, mais qu’elle prend racine dans les idées, des ancêtres des idolâtres en Inde, Egypte, Babylon, la Grèce et Rome. L’examen attentif des origines de leurs idées, nous fait découvrir qu’ils prennent les anges, dont découle le bien, et les diables dont découle le mal, en tant que divinités qu’ils adoraient en les vénérant et en les craignant. Et ces principes transcendants et ces forces globales, qu’ils leurs imputent, et dont ils sont, d’une autre façon, la manifestation, se divisent en actif et réactif et considèrent, leur réunion en mariage et une dualité, dont ils qualifient l’élément actif, de père et le réactif de mère, et le résultat de leur union de progéniture, qui se divise en garçons et filles ainsi que certaines divinités, sont mères et filles, d’une part, et de père et fils, d’autre part.
Si l’on revoit les idées des idolâtres, malgré leur diversité, et dont on a cité la moitié dans la 10ème partie de ce livre,-on saura que les arabes n’ont rien inventé dans cette croyance, mais qu’elle prend racine dans les idées, des ancêtres des idolâtres en Inde, Egypte, Babylon, la Grèce et Rome. L’examen attentif des origines de leurs idées, nous fait découvrir qu’ils prennent les anges, dont découle le bien, et les diables dont découle le mal, en tant que divinités qu’ils adoraient en les vénérant et en les craignant. Et ces principes transcendants et ces forces globales, qu’ils leurs imputent, et dont ils sont, d’une autre façon, la manifestation, se divisent en actif et réactif et considèrent, leur réunion en mariage et une dualité, dont ils qualifient l’élément actif, de père et le réactif de mère, et le résultat de leur union de progéniture, qui se divise en garçons et filles ainsi que certaines divinités, sont mères et filles, d’une part, et de père et fils, d’autre part.
Si les idolâtres arabes convenaient : que tous les anges
sont les filles de dieu, affirmer qu’ils aient voulu imiter en cela, ceux qui
les ont précédé, par ignorance et sans vérification. Ce texte offre une
occasion unique pour clarifier ce qu’on vise par « esprit de corps
symbolique », car il présente la composition de l’espace de l’idolâtrie
symbolique, et sa vision des apostats en relation avec les brahman et les
bouddhistes –et cela conduit à ne point séparer les idolâtres avant l’islam des
apostats comme en dispose Jabri.
Comment apparait cette composition symbolique, et quelle est
sa relation avec l’esprit de corps parental ? Signalons, tout d’abord, que
l’interprétation de Tabtabaii, qui limite cet esprit de corps symbolique à la
gente féminine, en l’imputant à l’ignorance des arabes, est faible, l’espace
symbolique ne peut être analysé sur la base de l’ignorance et le savoir des
ordres symboliques, qu’utilise la communauté pour la formuler, car les façons de cette formulation prennent une signification en soi . Pourquoi se formerait
l’esprit de corps des anges de genre féminin, et que les arabes n’insistent pas
sur le mariage dans les mondes des anges et des diables ? Une seule
réponse apparait ici et semble probable, car il comprend une énergie qui clarifie,
c’est que l’esprit de corps symbolique est une succession de parenté féminine.
C’est la représentation de l’esprit de
corps parental de la femme, ce n’est pas une parenté d’échange, qui se fonde
sur le mariage, mais une parenté d’alliances, dans laquelle les femmes sont
présentes à la place des hommes. Il s’en suit que le monde des divinités est un
niveau qui ne se distingue pas du composant général, et il nécessite pour sa
continuité une énergie semblable à l’énergie parentale :
« l’énergie linguistique » de même, que l’esprit de
corps, consomme le champ de parenté et le décompose, l’esprit de corps
symbolique consomme le champ d’expression et disperse son sens de sa
signification, et elle ne se détache pas foncièrement du déséquilibre de
perception-linguistique.
N’est-il pas attirant l’attention, ou même, étonnant que le
coran impute la vénération de statues à une manifestation linguistique :
{ce ne sont que des noms, que vous avez imaginé vous et vos pères, que dieu n’en
a pourvu d’aucun pouvoir} Najm 23.
Que le nom ne soit pas
objet de transcendance de pouvoir signifie qu’il est dépourvu
d’existence, ce que vous avez nommé de divinités ne sont en fin de compte que de
simples nominations. Ce qui implique que vous avez nommé des noms dont vous
avez transformé le signifiant en signification vide, dont vous avez éparpillé la signification
linguistique.
Ainsi, se crée, au niveau de cet esprit de corps symbolique, une unité composée et transcendante, qui sépare les événements et les créatures, selon les signes astrologiques, qui ne les lient au monothéisme qu’à travers
l’ordre de pardon, qui sépare entre la cause et l’attachement suprême et rend
les créatures, qui s’y rattachent et leur rattachement à l’ordre de causalité
général, unifié.
Voici donc un formé général dont le composant se trouve
l’esprit de corps parental, et son apparence essentielle gomme le réseau de
parenté, et la perturbation de la langue, une apparence, qui conduit à une
tendance générale lente vers l’effondrement, ce qui conduit le groupe à œuvrer
en vue de repousser toutes actions de changement temporel…
(Et il dévoile les raisons du renoncement des sociétés
primitives à l’histoire). Un certain genre d’unité dégommé nait dans le groupe
en formation régissant tout niveau de son échelle d’une façon parfaite qui
attribue à chacun de ses niveaux sa spécificité.
Niveau Langue
logique/rassemblement
Les astres prose rimée
Règne animal poésie
Ordre végétal les noms totémiques.
II La
représentation « de la lampe magique ».
Le passage
du cadre de l’esprit de corps, à la formation générale, dévoile le degré de
bassesse de cette observation automatique, qui considère la religion ou les
symboles magiques, une forme de
vernis….Comme si l’homme même s’il est conscient de ses croyances, se trouvait dans un état schizophrénique, qui le porte à les exploiter
dans des desseins de gains économiques ou politiques, ne seraient pas
schizophrène, en tant qu’individu ou groupe personnellement, ou comme si cet état de schizophrénie ou
« d’hypocrisie »ne serait pas une situation réelle, qui traverse les valeurs du groupe, et préside
à son champ de perception imaginatif-linguistique.
http://ia601606.us.archive.org/0/items/94574/1516-1992.pdf
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