La dissolution du RCD à l’aube de la transition devait
consacrer la libération des énergies et des idées participatives auparavant
contrariées par la centralisation du Parti-Etat.
Remettre le pays en confiance, relancer l’esprit de concurrence et l’acceptation
du principe de l’alternance qui devait marquer la transition n’a malheureusement jamais prévalu.
L’exclusion a été le seul moteur de mobilisation souvent au
service d’idéologies et de préceptes dogmatiques sans maître à penser,
dépendant souvent de centres de pouvoir, s’impliquant dans leur financement et
leurs orientations, au service de causes occultes dont ils ne maîtrisent ni les
tenants ni les aboutissants.
Sous couvert d’identité, les uns se vouent à la cause
ouvrière, les autres au nationalisme avec ses différentes couleurs d’obédience
nassérienne, baathiste, unionistes, arabo-islamistes, islamistes, les
féministes, les anti féministes, les jihadistes, anti-colonialistes,
conformistes, réformistes, chiites, américanistes, anti-américanistes,
régionalistes, africanistes, modernistes, traditionnalistes, socialistes,
capitalistes, libéraux, communistes, castristes, maoistes, et tous les istes se
retrouvent sur cette portion congrue de l’Afrique du Nord, sans oublier les
bourguibistes, les youssefistes, les destouriens, les néo et les archéo et j’en
passe.
Les dogmes se sont transformés en identité que chaque groupe
essaye d’imposer au reste. Pas moins de cent quarante partis politiques ont
ainsi vu le jour dont une quarantaine dit-on, d’orientation pro destourienne.
Au cœur des différences une recherche d’affirmation plus de
personnes que d’idées, une quête de positionnement politique et sociale au
détriment de l’intérêt national et de l’émergence d’un nouveau projet
mobilisateur.
Au sein de la majorité relative formant l’Assemblée Constituante,
au bout de moins d’une année les dissensions et les dissidences sont devenues
une constante du paysage politique en décomposition.
Parmi les plus déterminés, les surenchères divisent et
mettent plus au pied de guerre qu’ils ne rassemblent. L’organisation de
direction centralisée, sans réelle ouverture, n’est pas de nature à favoriser l’adhésion
sur la base de la conviction, seuls les nouvelles recrues d’opportunistes vient
renforcer leurs rangs, sans projet commun les mobilisant.
Ce dont le pays a le plus besoin dans cette phase de
transition, c’est de conforter notre identité citoyenne, et les valeurs
républicaines, au-delà des couleurs et des particularismes.
La dignité citoyenne doit être au centre du nouveau projet de
société, la fierté d’être tunisien, d’assumer sa tunisianité marquée par l’ouverture
d’esprit et de cœur, la solidarité et les valeurs d’hospitalité légendaire
arabo-musulmane.
L’égalité de tous devant la loi, en droits et en devoirs, la
participation à l’édification de la prospérité commune et en bénéficiant de ses
richesses en rapport avec son apport à les faire fructifier.
Prendre part aux niveaux local, régional, et national à l’édification
dans tous les domaines, par le biais de la concertation et le dialogue sur les
questions intéressant la gestion présente et aux projections communes, politiques, économiques, sociales,
culturelles, éducationnelles et de la formation.
Aucun tunisien ne peut se prévaloir et s’accaparer les
attributs de l’identité nationale arabo-musulmane, ni de clivage régional de
race ou sectaire.
La concurrence ne peut porter que sur les projets d’émancipation
politique, économique et sociale du pays permettant son développement intégral.
Le processus démocratique ne peut être mis en marche sans le
respect réciproque de l’apport citoyen à la Cité sans discrimination de sexe,
de couleur, de religion, de niveau d’instruction, citadin ou rural.
La confrontation d’idées devra reposer sur l’acceptation de l’avis
de l’autre qu’on la partage ou pas, de pondérer les contributions à la lumière
de leur impact et de leur apport à l’intégration du pays dans son milieu
géo-politique et stratégique, dans l’intérêt de toute la communauté et de ne
point sanctionner l’avis contraire, auquel nous devons respect et
considération, non la suspicion.
Minorité d’aujourd’hui, peut-être majorité de demain, le jeu
démocratique tout en favorisant la prévalence de la majorité relative, nous
dicte le respect des idées opposées aux nôtres.
Lu :)
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